Acheminer l’aide humanitaire à Gaza par la mer, puisqu’elle ne peut pas l’être pas la terre. Tel est l’objectif du «port» provisoire arrimé sur la côte de la bande de Gaza par l’armée américaine. Selon l’état-major des armées, un bâtiment de soutien de la Marine française a commencé à décharger plus de 60 tonnes de fret humanitaire international par ce ponton flottant ce vendredi 17 mai. L’aide, dont on ne connaît pas la nature, a été acheminée depuis Chypre dans le cadre «d’un effort multinational pour livrer de l’aide supplémentaire aux civils palestiniens de Gaza via un couloir maritime de nature exclusivement humanitaire», a annoncé le Commandement militaire central américain (Centcom). «Aucun soldat américain n’a été à terre à Gaza», a insisté l’organisation. L’armée française, qui dispose de spécialistes logistiques au sein du centre de coordination multinational de l’aide humanitaire basé à Larnaca, va mettre en place une rotation entre Chypre et Gaza.
A Washington, le chef adjoint du Centcom, le vice-amiral Brad Cooper, avait plus tôt annoncé l’arrivée «d’environ 500 tonnes (d’aide) dans les prochains jours […] réparties entre plusieurs bateaux». L’organisation dépendante du ministère de la défense américaine n’a toutefois pas précisé la nature de cette aide.
Décryptage
Mercredi, Londres avait annoncé le départ de Chypre d’un navire chargé d’aide britannique pour décharger 100 tonnes d’abris temporaires pour les habitants de Gaza sur cette jetée. Près de 2,4 millions de personnes se trouvent dans ce petit territoire assiégé.
Ce port maritime temporaire doit permettre à des navires militaires ou civils de déposer leur cargaison. L’aide doit ensuite être apportée par des navires de soutien logistique jusqu’à une jetée sur la côte. Cette nouvelle méthode de livraison de l’aide humanitaire s’ajoute à celles, déjà utilisées mais insuffisantes, de l’envoi par les airs et par bateau.
UK aid is now on its way to the temporary pier off the coast of Gaza.
— David Cameron (@David_Cameron) May 15, 2024
This first shipment contains 8,400 shelter kits, which will be distributed to those most in need.
We’re working with the US, Cyprus and other partners to get as much aid in as we can by all possible routes. https://t.co/DizOUqWX5W
La construction de la jetée – d’un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone – avait été annoncée en mars dernier par le président Joe Biden, face aux restrictions imposées par Israël, allié des Etats-Unis, à l’acheminement terrestre de l’aide. L’aide sera remise à l’ONU qui «coordonnera sa distribution dans Gaza», avait-il expliqué.
Une distribution de l’aide coordonnée par l’ONU
Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, a toutefois précisé jeudi que les négociations se poursuivaient concernant les modalités de la remise de l’aide. «Nous finalisons nos plans opérationnels pour nous assurer que nous sommes prêts à prendre en charge» l’aide, «tout en assurant la sécurité de notre personnel», a-t-il souligné.
Répétant la préférence de l’ONU pour la voie terrestre, il a estimé que l’aide humanitaire «ne peut pas et ne devrait pas dépendre d’une jetée flottante, loin de là où les besoins sont les plus aigus». Que l’aide arrive «par la mer ou par la route, sans carburant elle n’arrivera pas aux gens qui en ont besoin», a-t-il encore insisté. Selon l’ONU, la famine menace la bande de Gaza.
Mis à jour à 16h50 avec la mention de l’aide humanitaire française