L’armée israélienne est entrée dans Rafah ce mardi 7 mai après avoir mené d’intenses bombardements dans la ville du sud de la bande de Gaza, quelques heures après une proposition de cessez-le-feu du Hamas qu’Israël accueille avec circonspection et à laquelle l’Etat hébreu n’a pas encore donné de réponse précise. La Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de «nombreux morts» dans la nuit à Rafah. Et l’hôpital koweïtien, situé dans cette ville, a dit avoir reçu «11 morts» et des «dizaines de blessés» dans ces frappes. Des témoins et des sources sécuritaires palestiniennes font état de frappes aériennes tard lundi et tôt mardi, ainsi que d’intenses tirs d’artillerie à travers la bande de Gaza, et plus particulièrement à Rafah et ses environs.

Des chars israéliens qui étaient postés à proximité du point de passage de Rafah, qui lie le sud de la bande de Gaza à l’Egypte voisine, ont fini par se mettre en mouvement pendant la nuit. Selon l’armée israélienne, les «forces israéliennes ont pris dans la nuit de lundi à mardi le contrôle du point de passage de Rafah côté palestinien». Selon un communiqué, «l’opération militaire a été menée par la 162e division de l’armée, et la 401e brigade armée, en collaboration avec des unités spéciales qui ont opéré à l’Est de Rafah». «Plus de 150 cibles du Hamas ont été détruites et l’armée a pris le contrôle total du passage côté palestinien. Au moins 20 membres du Hamas ont été tués et des tunnels détruits», dit encore ce communiqué.

Une vidéo qui a fuité ce mardi matin sur les réseaux sociaux montre un char israélien du côté palestinien du terminal de Rafah. Le véhicule entre en collision avec une enseigne «Gaza» surmontée de deux drapeaux palestiniens. Plusieurs photos publiées ce mardi matin montrent aussi, au même endroit, des hampes surmontées du drapeau israélien à la place du pavillon palestinien.

Plus tard dans la matinée, l’ONU a fait savoir qu’elle s’est vu interdire par Israël l’accès au point de passage de Rafah. «Nous n’avons actuellement aucune présence physique au point de passage de Rafah car le Cogat (organisme israélien chargé de coordonner la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupées, ndlr) nous a refusé l’accès à cette zone», a déclaré Jens Laerke, un porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU, lors d’un point de presse régulier à Genève.

Après ses opérations à Gaza-ville, puis Khan Younès, Israël menace depuis des semaines de pousser son offensive terrestre jusqu’à Rafah, considéré comme le dernier bastion du Hamas mais où s’entassaient encore le week-end dernier 1,2 million de Palestiniens, en majorité déplacés par les combats. Or lundi, après des pourparlers au Caire n’ayant pas débouché sur un accord de trêve, l’armée israélienne a commencé une opération d’évacuation de dizaines de milliers de personnes de Rafah. Puis, en soirée, le Hamas a dit avoir informé l’Egypte et le Qatar, pays médiateurs avec les Etats-Unis, qu’il avait «approuvé leur proposition pour un accord de cessez-le-feu» avec Israël. Mais cette proposition est «loin des exigences israéliennes», a rétorqué le bureau du Premier ministre, Benyamin Nétanyahou.

Le cabinet de guerre a décidé «à l’unanimité» de poursuivre «l’opération à Rafah afin d’exercer une pression militaire sur le Hamas dans le but de progresser vers la libération des otages et l’atteinte d’autres objectifs de la guerre», ont indiqué les services du Premier ministre. «Bien que la proposition du Hamas soit loin de répondre aux principales exigences israéliennes, Israël enverra une délégation de haut rang en Egypte dans le but de maximiser les chances de parvenir à un accord à des conditions acceptables pour Israël», ont-ils ajouté. Peu après cette déclaration, le Qatar a annoncé l’envoi dès mardi matin d’une délégation au Caire «pour relancer les négociations indirectes entre les deux parties […] avec l’espoir de parvenir à un accord pour un cessez-le-feu immédiat et permanent» en «échange de prisonniers et d’otages».

Mis à jour : à 11h35 avec les déclarations de l’ONU.