Au moins, les trombes d’eau et de grêle n’emportent plus les toiles de tentes à Gaza. Mais il pleut toujours des bombes. «J’entends l’artillerie tirer, les obus siffler au-dessus de nos têtes, puis exploser», témoigne au milieu de la nuit Mohd Hatem. Le jour venu, il reprendra sa routine : publier des vidéos de fitness sur les réseaux sociaux au milieu de l’apocalypse. Pendant ce temps, le compte Telegram des secouristes de la Défense civile gazaouie égrène quelques-unes de ses opérations : «Nous nous dirigeons vers le lieu d’une attaque israélienne autour de la mosquée Al-Qubba à Khan Younès.» Puis : «Quatre corps ont été retirés [des décombres].» Parfois, les communiqués de Tsahal leur font écho, reprenant toujours les mêmes éléments de langage : «Les frappes ont été menées contre des terroristes sur la base de renseignement précis» ; «Des précautions ont été prises» ; «Le Hamas viole systématiquement le droit international en exploitant l’infrastructure civile».
Le monde a appris à vivre avec ce bal morbide, bien que le chiffre des morts augmente inexorablement. Il n’y a plus de gouvernement à Gaza, presque plus d’eau courante. Dans le nord de l’enclave, il n’y a plus d’hôpitaux, et, en fait, il n’y a plus rien. Sur les réseaux sociaux, l’extrême droite israélienne publie joyeusement des images satellites de destruction totale, promet la même chose pour la Cisjordanie. Les parallèles entre les deux territoires deviennent inquiétants : mercredi 8