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Désastre

Gaza : Olmert et Barak, deux anciens Premiers ministres israéliens, dénoncent la guerre «illégitime» de Nétanyahou

Coup sur coup, mardi et mercredi, deux anciens Premiers ministres israéliens ont publié des tribunes extrêmement virulentes contre les choix militaires de leur successeur. Ehud Olmert et Ehud Barak appellent tous deux à la fin de la guerre à Gaza.
L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak à Tel-Aviv, le 24 juin 2023. (Jack Guez /AFP)
publié le 28 mai 2025 à 15h05

Ils viennent des deux bouts du spectre politique israélien et ont tous les deux été Premier ministre. Ehud Olmert, issu de la droite, entre 2006 et 2009. Ehud Barak, sorti des rangs travaillistes, quelques années avant, de 1999 à 2001. Mardi 27 et mercredi 28 mai, ils ont pris la plume pour dénoncer la guerre menée à Gaza par Benyamin Nétanyahou.

Derrière leurs mots extrêmement forts, une même analyse : il n’y a plus de réel objectif militaire derrière les bombardements aveugles de Tsahal sur l’enclave palestinienne, plutôt une opération de survie politique du Premier ministre actuel. Une guerre «illégitime» à leur yeux, qui a déjà coûté la vie à plus de 54 000 Palestiniens.

Absence de vision

Dans le Financial Times mercredi, Ehud Barak dénonce le «mirage d’une victoire totale» de l’armée israélienne à Gaza. Benyamin Nétanyahou «n’agit pas pour l’intérêt supérieur de la nation mais pour sa propre survie politique. Tout autre argument est un écran de fumée», écrit l’ancien chef du gouvernement qui a également été ministre de la Défense entre 2009 et 2013.

Cette guerre «le protège politiquement mais stratégiquement c’est un désastre : Israël a déjà détruit la plupart des cibles et des infrastructures du Hamas […] C’est une guerre politique pour protéger sa coalition déguisée en impératif sécuritaire», ajoute Barak, citant le procès pour corruption de Nétanyahou sur pause pour l’instant, la pression de l’extrême droite et le mépris des familles d’otages.

Il faut au contraire, insiste l’ex-Premier ministre, rechercher un schéma de paix régional, travailler à un gouvernement de transition palestinien et penser un «appareil sécuritaire sous la supervision des pays arabes et des Etats-Unis». Ce qui requiert une vision et du courage politique dont Barak pense Nétanyahou dépourvu.

La question du «génocide»

De son côté, dans le journal israélien Haaretz mardi, Ehud Olmert explique qu’il va avoir de plus en plus de mal à récuser les accusations de «génocide» qui visent l’armée israélienne. «Génocide et crimes de guerre sont des termes juridiques qui renvoient essentiellement à l’intention et à la responsabilité des personnes habilitées à formuler les objectifs de la guerre, sa conduite et son but […] J’ai rejeté la première accusation, j’ai reconnu la seconde. Ces dernières semaines, je n’ai plus pu le faire. Ce que nous menons actuellement à Gaza est une guerre de dévastation : des massacres aveugles, sans limites, cruels et criminels de civils», écrit l’ancien Premier ministre.

«Les opérations militaires récentes à Gaza n’ont rien à voir avec des objectifs militaires légitimes […] Cette guerre est devenue une guerre politique et personnelle. Avec pour seul résultat, la transformation de Gaza en zone de désastre humanitaire», accuse l’ancien Premier ministre qui fut un proche d’Ariel Sharon et qui aujourd’hui qualifie le gouvernement Nétanyahou de «bande criminelle».

«Trop c’est trop, insiste Olmert. Il est temps d’arrêter, avant que nous soyons tous bannis de la famille des Nations et convoqués devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, sans aucune défense valable.»