Menu
Libération
Libération

Gaza : trois Israéliens et des prisonniers palestiniens libérés, les familles d’otages appellent à défendre la trêve

Gaza, l'engrenagedossier
Trois hommes enlevés il y a seize mois ont été exhibés sur un podium de Khan Younès ce samedi 15 février au matin, avant d’être récupérés par la Croix-Rouge. Des bus transportant des prisonniers palestiniens ont fait le chemin inverse.
L'otage israélo-russe Sasha Trupanov à Khan Younès ce samedi 15 février 2025 au matin. (Bashar Taleb/AFP)
publié le 15 février 2025 à 8h28
(mis à jour le 15 février 2025 à 13h11)

Le point de rupture a été frôlé cette semaine mais la trêve a tenu. Le sixième échange d’otages contre des prisonniers entre le Hamas et Israël a commencé ce samedi 15 février au matin, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu à Gaza. Sacha Trupanov, un Israélo-Russe de 29 ans, Sagui Dekel-Chen, Israélo-Américain de 36 ans, et Yair Horn, Israélo-Argentin de 46 ans, ont retrouvé la liberté après environ 500 jours de captivité et sont désormais de retour en Israël.

Peu après 9 heures, ils ont été amenés sur un podium à Khan Younès, dans le sud de Gaza, comme on peut le voir sur les images diffusées par les médias israéliens. Comme à chaque libération d’otages, des dizaines de combattants cagoulés et en armes du Hamas les ont escorté vers la scène. Les trois hommes ont été exhibés sur scène par leurs geôliers et contraints de dire quelques mots au micro devant une foule de badauds, en dépit des de l’appel du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à un transfert «digne et privé».

Sacha Trupanov, Sagui Dekel-Chen et Yair Horn ont ensuite été pris en charge et emmenés dans des véhicules de la Croix-Rouge pour quitter les lieux. Peu après 9h30, ils ont été récupérés par l’armée israélienne, pour être escorté vers le territoire de l’Etat hébreu.

Les trois avaient été enlevés au kibboutz Nir Oz lors de l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023. Sur 251 personnes alors prises en otage, 73 sont toujours à Gaza, dont au moins 35 mortes, selon l’armée israélienne.

En fin de matinée ce samedi, plus d’une dizaine de bus transportant des détenus palestiniens libérés par Israël en échange du retour des trois ex-otages ont quitté la prison de Ktziot, dans le sud d’Israël. Au total, 369 détenus palestiniens doivent être libérés ce samedi dans le cadre de cet échange. La plupart sont envoyés vers la bande de Gaza à partir du pénitencier de Ktziot. Un autre bus convoyant des détenus palestiniens a quitté la prison militaire israélienne d’Ofer, en Cisjordanie occupée, à destination de Ramallah. Quatre d’entre eux ont du être pris en charge par le Croissant-Rouge en vue de leur hospitalisation.

Ce samedi à la mi-journée, la principale association israélienne des familles d’otages à Gaza a appelé à tout faire pour empêcher que la trêve s’effondre et à poursuivre sur l’élan des libérations permises par celles-ci. «Ces derniers jours [qui ont vu la trêve malmenée, NDLR] et les témoignages terrifiants des otages libérés [sur leur détention, NDLR] exigent des actes immédiats. Nous ne pouvons pas laisser l’accord [de trêve] s’effondrer, nous devons continuer d’utiliser cette dynamique pour que [chaque otage bénéficie d’une libération] rapide», écrit le Forum des familles d’otages dans un communiqué.

Peu après, l’armée israélienne a toutefois dit se préparer à une nouvelle opération à Gaza : «Simultanément au grand enthousiasme qui accompagne le retour de chaque otage, nous, au sein de (l’armée) nous rappelons notre devoir de tous les ramener. Nous déployons des efforts immenses pour cela et préparons en même temps des plans d’attaque», a déclaré le général Herzi Halevi, chef d’état-major, cité sans plus de détail dans un communiqué militaire.

L’Egypte et le Qatar ont mené une médiation pour que cet échange soit mené à bien, et la trêve sauvegardée, après des menaces du Hamas de suspendre les libérations, et d’Israël de reprendre la guerre, les deux parties s’accusant de violations de l’accord.

Craintes sur les libérations

En Israël, l’inquiétude était vive sur l’état physique et psychologique des trois hommes, alors qu’un ex-captif, Keith Siegel, a témoigné des «conditions inimaginables» de sa détention, vécue «dans la peur constante». «Chaque jour me semblait être le dernier», a raconté dans un message vidéo cet Israélo-américain de 65 ans, libéré le 1er février. «J’étais affamé et torturé, à la fois physiquement et émotionnellement.»

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui transfère les otages du Hamas à l’armée israélienne à Gaza, s’était dit vendredi «très inquiet des conditions de vie» des captifs après avoir appelé à ce que les libérations se déroulent de façon «digne». Lors de la précédente libération, le 8 février, le Hamas avait contraint trois otages très affaiblis physiquement à saluer une foule de Gazaouis, dans une mise en scène qui avait provoqué la colère en Israël.

Sept détenus palestiniens alors libérés ont pour leur part été hospitalisés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, «en raison de la brutalité» de leur détention, selon le Club des prisonniers.

La trêve, entrée en vigueur après 15 mois de guerre et pour une durée initiale de 42 jours, a déjà permis la libération de 16 otages israéliens contre 765 prisonniers palestiniens. Durant sa première phase, 33 otages et 1 900 détenus doivent être libérés au total. La suite du cessez-le-feu reste incertaine, les négociations prévues sur la deuxième phase n’ayant toujours pas commencé.

Le Hamas a dit vendredi s’attendre à ce que ces pourparlers commencent «en début de semaine prochaine». Les médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - espèrent les entamer «la semaine prochaine à Doha», a de son côté déclaré une source proche des négociations.

La deuxième étape de l’accord est censée permettre la libération de tous les otages et la fin définitive de la guerre, avant une dernière phase consacrée à la reconstruction de Gaza, un chantier gigantesque estimé par l’ONU à plus de 53 milliards de dollars.

Mise à jour : à 14h28, avec l’ajout de la déclaration du général Herzi Halevi.