Même pour les irréductibles optimistes, l’espoir d’un cessez-le-feu imminent à Gaza, un temps entretenu par les déclarations volontaristes des négociateurs, s’est une nouvelle fois évanoui. Dimanche 14 juillet, c’est le Hamas qui a semblé reculer. Un haut responsable du mouvement palestinien a fait part à l’Agence France Presse de la décision de l’organisation islamiste de se retirer des discussions en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. «Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a informé lors d’une série d’appels les médiateurs et des intervenants régionaux de la décision du Hamas de l’arrêt des négociations en raison du manque de sérieux de l’occupant [Israël, ndlr] et des massacres contre des civils non-armés», a-t-il indiqué. Le Hamas «est toutefois prêt à reprendre les négociations» lorsque Israël «fera preuve de sérieux pour conclure un accord de cessez-le-feu», a ajouté un second cadre du mouvement, quelques heures plus tard.
Les consultations s’étaient pourtant accélérées ces dernières semaines. Avec comme point de départ le plan présenté par le président américain, Joe Biden, le 31 mai. Celui-ci s’articule autour de trois phases. La première, de six semaines, combinerait un cessez-le-feu et un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza en échange de la libération d’otages, en priorité des femmes, des personnes âgées ou des blessés. Plusieurs centaines de prisonniers palestiniens seraient relâchées. La deuxième phase devrait être négociée durant ces six semaines et aboutir à un cessez-le-feu total et à un retrait de l’armée israélienne. Tous les otages vivants seraient libérés. Enfin, dans un troisième temps, un plan de reconstruction, avec le soutien des Etats-Unis et de pays du Golfe, serait lancé et les dépouilles des otages rendues à leur famille.
Le cessez-le-feu permanent, exigence du Hamas catégoriquement refusée par Israël
Le Hamas avait initialement jugé ce plan «positif». Mardi 9 juillet, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, l’un des médiateurs, avait rencontré le chef de la CIA, William Burns, au Caire. Le patron du Shin Bet, les renseignements intérieurs israéliens, s’y est également rendu. Mercredi, Burns est allé avec son homologue du Mossad israélien, David Barnea, à Doha, au Qatar, l’autre grand intermédiaire, pour discuter avec le Premier ministre du pays, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani. Malgré la pression internationale, surtout américaine, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a répété que «tout accord [devait] permettre à Israël de reprendre les combats jusqu’à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints». Depuis le début de l’année, les discussions butent sur une exigence du Hamas, catégoriquement refusée par Israël : l’instauration d’un cessez-le-feu permanent.
Dans le même temps, l’offensive israélienne dans la bande de Gaza a redoublé d’intensité. Samedi 13 juillet, une frappe a visé Mohammed Deif, commandant des brigades Al-Qassam, la branche armée du Hamas, et cerveau de l’attaque du 7 octobre, ainsi que l’un de ses lieutenants, Rafa Salamé, chef du secteur de Khan Younès. Le bombardement a détruit un bâtiment situé dans le secteur d’Al-Mawasi, dans le sud de l’enclave palestinienne. Tsahal a confirmé dimanche la mort de Rafa Salamé. Mais un cadre du Hamas a affirmé dimanche que Deif, l’ennemi numéro 1 d’Israël, était toujours en vie. «Nous disons à Nétanyahou que Mohammed Deif vous écoute en ce moment et se moque de vos déclarations fausses et vides», a déclaré Khalil al-Hayya, l’un des responsables du mouvement palestinien.
Cinq écoles bombardées en une semaine
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé qu’au moins 92 personnes, «essentiellement des femmes et des enfants», avaient été tuées et 300 blessées dans la frappe. Le secteur d’Al-Mawasi, sur la côte entre Rafah et Khan Younès, avait été déclaré «zone humanitaire» par Israël. «La présidence palestinienne condamne le massacre et tient le gouvernement israélien pour entièrement responsable, ainsi que l’administration américaine qui apporte toutes sortes de soutiens à l’occupation et à ses crimes», a commenté dimanche la présidence de l’Autorité palestinienne. Dans son communiqué, Mahmoud Abbas critique également frontalement le Hamas, «qui porte la responsabilité juridique, morale et politique de la poursuite de la guerre israélienne de génocide dans la bande de Gaza». Le mouvement islamiste palestinien, rival du Fatah, «fournit des prétextes gratuits à l’Etat d’occupation», assène le raïs de 89 ans.
Samedi, un bombardement israélien a tué «17 personnes qui s’étaient rassemblées pour la prière de midi» dans une mosquée du camp de réfugiés d’Al-Shati, dans le nord-ouest de l’enclave palestinienne, selon la chaîne Al-Jazeera. Les victimes ont été transportées à l’hôpital Al-Ahli de la ville de Gaza. Cette dernière semaine, cinq écoles abritant des déplacés ont été visées par des frappes israéliennes, faisant au moins 61 morts, d’après des sources humanitaires à Gaza. Dimanche encore, une nouvelle école a été touchée dans le centre de l’enclave, faisant 12 victimes, selon le ministère de la Santé. A chaque fois, Israël a dit viser des «terroristes». En dix mois, l’offensive israélienne a fait plus de 38 000 morts, en majorité des civils, d’après des données du gouvernement de Gaza, contrôlé par le Hamas.
Mis à jour à 14 h 05 avec la déclaration du second responsable du Hamas.
Mis à jour à 15h40 avec le communiqué de la présidence de l’Autorité palestinienne et la frappe israélienne ayant touché une nouvelle école, dans le centre de Gaza.