Khalid et Jaber (1), la trentaine, se ressemblent : même survêtement noir, même léger embonpoint et même assurance tranquille. Ils sont tous les deux pauvres, sans emploi, et sans perspective d’en obtenir. Khalid et Jaber ne se connaissent pas et ne se sont même jamais croisés. Le premier vit dans l’un des camps de réfugiés de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le second dans celui de Jénine, à une cinquantaine de kilomètres. Les deux jeunes hommes font partie des katibas de leur ville, ces groupes armés apparus il y a à peine quatre ans, qui incarnent une forme de résurgence de la lutte palestinienne, en opposition frontale avec l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas jugée dépassée, incapable et corrompue.
Ils n’ont pas vraiment de chef et leurs combattants peuvent autant se dire «indépendants» que se revendiquer du Hamas, du Jihad islamique ou de factions dissidentes du Fatah. Des groupes volatils, où chacun fait ce qu’il peut, et ce qu’il veut. «Ces brigades