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Accord

Guerre à Gaza : entre l’UE et Israël, un accord aux contours flous pour davantage d’aide humanitaire

L’Union européenne a annoncé ce jeudi 10 juillet avoir trouvé un compromis avec l’Etat hébreu sur une «augmentation substantielle» de l’aide dans l’enclave palestinienne, assiégée et menacée par la famine.
Des Palestiniens montent à bord d'un camion chargé de nourriture et d'aide humanitaire du Programme alimentaire mondial, dans le nord de la bande de Gaza, le 16 juin 2025. (Jehad Alshrafi/AP)
publié le 10 juillet 2025 à 19h31

Desserrer l’étau. L’Union européenne (UE) a annoncé ce jeudi 10 juillet avoir trouvé un terrain d’entente avec Israël pour une «augmentation substantielle» de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée par l’armée israélienne et menacée par la famine. Finalisé mercredi soir, selon les informations du quotidien israélien Haaretz, l’accord devrait entrer en vigueur dans les prochains jours. Il prévoit notamment «l’augmentation substantielle du nombre de camions transportant quotidiennement à Gaza des produits alimentaires et non alimentaires», «l’ouverture de plusieurs autres points de passage dans les zones nord et sud» de l’enclave, ou encore «la reprise des livraisons de carburant destiné aux installations humanitaires, jusqu’à un niveau opérationnel», a indiqué par communiqué Kaja Kallas, Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères.

Soumise à un blocus total imposé par Israël pendant deux mois, l’aide alimentaire a été confiée depuis fin mai à une organisation privée soutenue par les Etats-Unis, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), qui a concentré toutes ses distributions sur quatre sites seulement, tous militarisés. Le nouveau dispositif a viré au chaos : plus de 600 Palestiniens ont été tués en un mois alors qu’ils attendaient de l’aide alimentaire, victimes de bousculades ou le plus souvent des tirs de l’armée israélienne. Selon le communiqué de Kaja Kallas, l’accord trouvé entre l’UE et Israël garantit «la possibilité de distribuer des produits alimentaires par l’intermédiaire des boulangeries et des cuisines publiques dans l’ensemble de la bande de Gaza», ce qui pourrait soulager la pression sur les sites de la GHF.

«Les besoins sont immenses»

Depuis Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie, où elle participait ce jeudi à un sommet international, la cheffe de la diplomatie européenne s’est réjouie des «progrès» obtenus par les négociateurs. «Nous sommes parvenus à un accord sur des points très concrets : le nombre de camions qui entreront, le nombre de points de passage qui seront ouverts, les points de distribution pour que les gens reçoivent de l’aide, la distribution d’eau», a-t-elle déclaré à l’agence Bloomberg. «Nous ne savons pas quel est le volume de l’aide humanitaire qui sera distribuée, alors que les besoins sont immenses. Nous ne savons pas non plus si elle passera par des ONG indépendantes ou par la GHF, qui est un instrument de la politique militaire israélienne», nuance Jean-François Corty, le président de l’ONG Médecins du monde, sollicité par Libération, qui redoute des «mesures de façade».

Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou n’a pas commenté la nouvelle. Haaretz assure même que les autorités israéliennes avaient demandé au départ à ce qu’elle ne soit pas rendue publique, pour ne pas déplaire à la frange la plus à droite de l’opinion publique, hostile à toute extension de l’aide dans l’enclave palestinienne. Pour Israël, cependant, l’accord tombe à pic. La semaine prochaine, les Etats-membres de l’UE doivent discuter d’une possible suspension de l’accord d’association avec l’Etat hébreu, dont l’offensive dans la bande de Gaza a causé la mort de plus de 57 000 depuis octobre 2023. Avec ce compromis aux contours flous sur l’aide humanitaire, Benyamin Nétanyahou peut espérer échapper à pareille sanction.