Israël doit stopper «immédiatement» son offensive militaire contre la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a ordonné la Cour internationale de justice (CIJ) dans une décision rendue ce vendredi 24 mai. La plus haute juridiction de l’ONU, basée à La Haye, se prononçait sur une requête formulée par l’Afrique du Sud. Israël doit stopper ses troupes «et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah, qui serait susceptible d’infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d’existence capables d’entraîner sa destruction physique ou partielle», a déclaré l’instance, qui appelle également l’Etat hébreu à laisser entrer «sans restriction» l’aide humanitaire par le point de contrôle de Rafah.
La CIJ a dans le même temps ciblé le Hamas et les autres groupes palestiniens, demandant la «libération immédiate et inconditionnelle» des otages retenus dans l’enclave (sur les 252 personnes capturées par le Hamas le 7 octobre, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l’armée israélienne).
Reportage
Les représentants de l’Afrique du Sud ont déclaré la semaine dernière devant la CIJ que «le génocide» commis par Israël avait atteint un «niveau horrible», évoquant notamment des fosses communes, des actes de torture et un blocage de l’aide humanitaire. L’Afrique du Sud demande des mesures urgentes en attendant la résolution sur le fond de l’affaire, l’accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.
Cette affaire portée par Pretoria est «complètement déconnectée» de la réalité et est une «caricature» de la Convention des Nations unies sur le génocide qu’Israël est accusé d’avoir violée, a rétorqué l’Etat hébreu. Ce jeudi dans l’après-midi, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou doit réunir pour «consultation» plusieurs ministres de son gouvernement lors d’une conférence téléphonique à propos de la décision rendue par la Cour.
Juridiquement contraignantes
Avant son incursion au sol, l’armée israélienne avait ordonné des évacuations massives de Rafah où elle affirme vouloir détruire les derniers bataillons du Hamas, son réseau de tunnels, et sauver les otages. Selon l’ONU, ces opérations ont provoqué le déplacement de 800 000 personnes, tandis qu’un million de Palestiniens à Gaza font face à des «niveaux de faim catastrophiques». Près de 36 000 Palestiniens ont été tués dans l’enclave palestinienne depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé à Gaza, contrôlé par le Hamas.
«Il s’agit d’un ensemble de mesures provisoires beaucoup plus fermes dans leur formulation et d’un appel très clair à l’arrêt des hostilités», a déclaré la ministre des Affaires étrangères sud-africaine, Naledi Pandor, sur la chaîne nationale SABC. Dans un communiqué, le Hamas a également «salué» la décision de justice, en ajoutant toutefois qu’il s’attendait à ce que la CIJ «prenne une décision pour mettre fin à l’agression et au génocide contre notre peuple dans toute la bande de Gaza, et pas seulement à Rafah».
La CIJ, saisie fin décembre par l’Afrique du Sud pour «génocide», avait ordonné en janvier à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne. Mais la cour n’était pas allée jusqu’à ordonner un cessez-le-feu. Depuis, Pretoria s’est de nouveau tournée à plusieurs reprises vers la CIJ, arguant que la situation humanitaire désastreuse à Gaza obligeait la Cour à prendre de nouvelles mesures d’urgence. Les décisions de l’instance onusienne, qui tranche les différends entre États, sont juridiquement contraignantes mais elle n’a aucun moyen de les faire respecter.
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