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Négociations

Guerre à Gaza : le Hamas accepte la dernière proposition de cessez-le-feu, Israël bombarde l’est de la ville de Rafah

Le mouvement islamiste palestinien a donné son approbation au texte soumis par les médiateurs internationaux pour un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne. Il faut désormais attendre la réponse d’Israël à cet accord.
A Rafah, dans la bande de Gaza, ce lundi 6 mai. (AFP)
publié le 6 mai 2024 à 18h49
(mis à jour le 6 mai 2024 à 21h47)

Les négociations semblaient encore dans l’impasse il y a quelques heures, pourtant, le Hamas a annoncé avoir accepté ce lundi 6 mai la proposition d’accord de cessez-le-feu, selon la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera. Le chef du bureau politique du mouvement islamiste, Ismaïl Haniyeh, «a téléphoné au Premier ministre qatari, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman al-Thani, et au ministre des Renseignements égyptiens, Abbas Kamel, pour les informer de l’approbation par le mouvement Hamas de sa proposition concernant l’accord de cessez-le-feu», selon un communiqué du Hamas rendu public par Al-Jazeera.

Des scènes de joie et des tirs en l’air ont accueilli l’annonce à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée menacée d’une offensive militaire israélienne d’ampleur. Les gens se réjouissent et rendent gloire à Dieu, a rapporté un correspondant de l’AFP sur place, «des gens pleurent de joie et il y a des tirs en l’air de célébration». «L’annonce du Hamas doit ouvrir la voie au retour des 132 otages retenus en captivité par le Hamas depuis plus de sept mois, a réagi dans la foulée dans un communiqué le Forum des familles, une association israélienne de proches d’otages fondée au lendemain de l’attaque terroriste du 7 octobre. Le moment est venu pour toutes les parties concernées de tenir leur engagement et de transformer cette opportunité en un accord pour le retour de tous les otages.»

Pourtant, rien n’est fait. Un responsable du Hamas affirme ce lundi soir que «la balle est désormais dans le camp» d’Israël, qui a le choix «entre accepter l’accord de cessez-le-feu, soit y faire obstacle», ajoute ce responsable sous le couvert de l’anonymat. «Nous avons reçu la proposition et nous la passons en revue, fait savoir un haut responsable israélien. Ce n’est pas le cadre dont nous avions convenu. Nous l’examinons», a poursuivi le haut responsable sous couvert d’anonymat.

L’armée israélienne, elle, fait savoir ce lundi soir qu’elle maintient l’appel à évacuer des quartiers de Rafah en vue d’une opération «terrestre», avant de bombarder à nouveau l’est de Rafah en début de soirée. Le bureau du Premier ministre affirmé dans la foulé que «le Cabinet de guerre a décidé à l’unanimité qu’Israël poursuivrait ses opérations ce soir à Rafah afin d’exercer une pression militaire sur le Hamas afin de promouvoir la libération de nos otages et la réalisation des autres objectifs de la guerre». Il a également été rapporté que «même si la proposition du Hamas est loin de répondre aux exigences requises par Israël, [l’Etat Hébreu] enverra une délégation de médiateurs [au Caire] pour épuiser les possibilités de parvenir à un accord dans des conditions acceptables pour Israël». Le cabinet a été convoqué à la demande du chef d’état-major, le général Herzi Halevi, et du ministre de la Défense, Yoav Galant.

«Détruire les quatre derniers bataillons»

Si le haut responsable israélien n’a pas donné de détails sur le contenu du document, le Hamas affirme pour sa part que la proposition de trêve comprend trois phases, chacune d’une durée de quarante-deux jours, et inclut un retrait israélien complet de la bande de Gaza, le retour des déplacés et un échange d’otages toujours retenus à Gaza et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, dans le but d’un «cessez-le-feu permanent», a déclaré un haut responsable du Hamas à Al-Jazeera, Khalil al-Hayya.

Le secrétaire général de l’ONU a appelé quant à lui Israël et le Hamas «à faire l’effort supplémentaire nécessaire pour qu’un accord devienne réalité et que la souffrance cesse», a déclaré dans un communiqué Stéphane Dujarric, ajoutant qu’António Guterres «est profondément inquiet» face à la possibilité d’une opération militaire israélienne à large échelle «imminente» à Rafah.

La veille, les dirigeants du Hamas et de l’Etat hébreu s’étaient renvoyé la responsabilité du manque d’avancée dans les tractations. Le chef du mouvement palestinien, Ismaïl Haniyeh, avait accusé le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, de chercher à «inventer des justifications constantes pour la poursuite de l’agression, l’extension […] du conflit et le sabotage des efforts déployés par les différents médiateurs et parties». Benyamin Nétanyahou avait de son côté vivement critiqué le Hamas, qui «s’obstine dans ses positions extrêmes, en tête desquelles sa demande de retrait de nos forces de la bande de Gaza, la fin de la guerre et la préservation du Hamas». «Israël ne peut accepter cela», avait-il martelé lors d’un Conseil des ministres à Tel-Aviv.

Ce lundi en début de journée, Israël a lancé une opération visant à faire évacuer des dizaines de milliers de familles palestiniennes de l’est de la ville de Rafah, avant de bombarder certains quartiers de la ville. En dépit des condamnations internationales, le Premier ministre israélien a promis de lancer son offensive terrestre, l’armée affirmant ce lundi qu’elle était indispensable pour «détruire les quatre derniers bataillons» du mouvement islamiste dans le territoire palestinien.

Mise à jour à 20 h 15 avec la réaction d’Israël ; à 20 h 40 avec l’examen de l’accord par Israël ; à 20 h 48 avec les bombardements israéliens sur l’est de la ville de Rafah ; à 21 h 40 avec la réaction des familles d’otages israéliens ; à 21 h 45 avec la réaction de l’ONU.