Une ville – Khan Younès (Sud) – encerclée, des civils enjoints à fuir qui risquent la mort s’ils le font, et des appels ignorés des Nations unies à l’arrêt des combats. La situation humanitaire dans la bande de Gaza a continué à s’aggraver jeudi, au 110e jour de la guerre. Dans la soirée, des fuites de sources proches des négociations laissaient entendre qu’un accord sur une trêve d’un mois pourrait être imminent.
Alors que les affrontements entre l’armée israélienne et le Hamas s’intensifient à Khan Younès, ils se poursuivent aussi dans le centre et le nord de l’enclave, avec des bombardements aériens et des «combats rapprochés», selon un communiqué de Tsahal. Selon le ministère de la santé de Gaza, 50 personnes ont été tuées ces dernières vingt-quatre heures à Khan Younès, l’armée israélienne faisant état de son côté de «plusieurs terroristes» tués. Parmi les victimes, figurent au moins douze Gazaouis − un bilan revu à la hausse − qui avaient trouvé refuge avec des milliers d’autres dans un centre de formation de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, visé mercredi par les tirs de deux chars israéliens selon les Nations unies. L’attaque qui a mis le feu au bâtiment a aussi fait au moins 75 blessés, dont 15 graves, selon Thomas White, responsable de l’organisation à Gaza. «Plusieurs missions pour évaluer la situation ont été refusées. Les Nations unies ont finalement pu rejoindre la zone visée mercredi soir pour soigner les patients, apporter du matériel médical et évacuer les blessés à Rafah», a-t-il affirmé dans un communiqué.
Les derniers hôpitaux sur le point de s’effondrer
Fait inhabituel, l’attaque a été clairement condamnée par les Etats-Unis. «(Ce bâtiment) de l’ONU est essentiel et doit être protégé, a déclaré le secrétaire d’Etat Antony Blinken. Les civils doivent être protégés et la nature des installations de l’ONU respectée.» L’armée israélienne a affirmé qu’un «examen approfondi des opérations des forces présentes à proximité (était) en cours», sans écarter la possibilité d’une frappe du Hamas. Elle a par ailleurs exigé que l’abri soit évacué avant vendredi 17 heures. Selon l’un des déplacés qui vit dans l’abri, Amal Lubbad, interrogé par l’AFP, les militaires ont appelé par mégaphone une responsable de l’UNRWA sur place. «Elle est allée près des chars et ils lui ont dit de nous notifier de vider les lieux. Nous ne savons pas où aller.»
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Les derniers hôpitaux encore opérationnels dans la ville sont sur le point de s’effondrer. D’après le ministère de la santé de Gaza, l’hôpital Nasser n’a plus d’anesthésiques pour ses salles d’opération, d’antalgiques pour les blessés et de nourriture. Il ne lui reste plus que cinq jours d’essence, et seul un employé sur dix est encore présent. Patients, personnels et déplacés qui s’y étaient réfugiés n’osent pas en sortir, de peur d’être pris pour cibles. L’hôpital Al-Khair a quant à lui fermé après que ses «patients, dont des femmes qui venaient de subir des césariennes, ont été évacués au milieu de la nuit, a indiqué Thomas White, de l’UNRWA. La situation à Khan Younès met en évidence un manquement constant au respect des principes fondamentaux du droit international humanitaire : distinction (entre civils et combattants), proportionnalité et précaution dans la conduite des attaques. C’est inacceptable et odieux et cela doit cesser».