A l’occasion du Festival du livre de Paris les 12, 13 et 14 avril, nos journalistes cèdent la place à des autrices et auteurs pour un numéro exceptionnel et un supplément de 8 pages spécial Québec. Hervé Le Tellier et Dany Laferrière sont les rédacteurs en chef de cette 17e édition du Libé des écrivains. Retrouvez tous les articles ici.
Depuis très tôt ce matin, j’ai une chanson de Barbara dans la tête. Je me suis réveillée aux aurores, j’ai allumé la radio et, dans les brumes de mon demi-sommeil, j’ai entendu une journaliste expliquer qu’un dirigeant du Hamas avait perdu ses enfants et ses petits-enfants lors d’une attaque israélienne ciblée à Gaza. «Mais les enfants ce sont les mêmes, à Paris ou à Göttingen», m’a alors susurré mon inconscient. J’ai deux fils adolescents et la guerre, les guerres, quelles qu’elles soient, passées, en cours ou à venir, me renvoient à eux, à ce qu’ils risquent, à ce que le monde leur fait risquer. Les enfants incarnent plus que tout, me semble-t-il, les horreurs subies par les civils dans les conflits armés. A entendre cette «nouvelle» de l’assassinat des fils et petits-enfants d’Ismaël Haniyeh, ma première pensée va donc à ce père, le père qui perd ce qu’il y a sans doute de plus cher pour lui. Or sa réaction ne fait pas état de ce drame-là, intime, mais de celui d’une nation tout entière, d’un peuple qu’on assassine à travers ses enfa