«Ce n’est pas une réponse humanitaire.» Dans un communiqué publié ce mardi 1er juillet et signé par 169 ONG, les acteurs de l’action humanitaire dans la bande de Gaza réitèrent leurs attaques contre le nouveau système d’aide mis en place fin mai par Israël et bâti autour d’une société privée américaine, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF). Ce système, qui concentre les distributions sur seulement quatre sites militarisés alors que les Nations unies opéraient pendant le cessez-le-feu du début d’année sur plus de 400 points, est à l’origine d’une véritable hécatombe. Selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 550 personnes ont été tuées en l’espace d’un mois en essayant de récupérer de l’aide alimentaire, victimes de bousculades mortelles ou des tirs sur la foule de l’armée israélienne. Plus de 4 000 ont été blessées. Ces chiffres n’ont pu être vérifiés indépendamment, mais sont considérés comme fiables par les Nations unies et les principales organisations humanitaires.
«Alternative mortelle»
«Aujourd’hui, les Palestiniens de Gaza sont confrontés à un choix impossible : mourir de faim ou risquer d’être abattus alors qu’ils tentent désespérément de se procurer de la nourriture pour nourrir leur famille», déplorent dans leur communiqué les ONG, parmi lesquelles se trouvent par exemple Médecins sans frontières (MSF), Save the Children et Oxfam international. Dans un territoire menacé par la famine, où la totalité de la population se trouve en situation d’insécurité alimentaire aiguë, les signataires dénoncent «la fermeture de presque toutes les autres opérations d’aide, en faveur d’une alternative mortelle [la GHF], contrôlée par l’armée, qui ne protège pas les civils et ne répond pas aux besoins de base».
Témoignages
Aitor Zabalgogeazkoa, coordinateur médical d’urgence de MSF à Gaza, a décrit ce mardi lors d’une conférence de presse en ligne un projet visant «à humilier les Palestiniens». «Des milliers de personnes doivent marcher à travers des zones militarisées pour rejoindre des endroits où ils doivent ensuite se battre pour de la nourriture. Ils se font tirer dessus quand ils arrivent trop tôt, ou s’ils partent trop tard», a-t-il déclaré.
En fin de semaine dernière, le quotidien israélien Haaretz avait publié les témoignages anonymes de soldats et d’officiers de Tsahal qui révélaient avoir reçu l’ordre, à de nombreuses reprises, de tirer sur les personnes rassemblées pour attendre l’aide humanitaire, quand bien même celles-ci ne représentaient aucune menace. L’armée avait démenti, assurant opérer «pour sécuriser les routes menant aux centres de distribution, afin que l’aide parvienne aux civils plutôt qu’au Hamas».
Nouvelles frappes meurtrières
De nouvelles frappes israéliennes le 30 juin ont causé la mort d’au moins 51 personnes, la plupart dans un «café» du nord de l’enclave où les habitants se rendaient pour accéder à une connexion Internet. Onze Palestiniens auraient aussi été «tués près de points de distribution d’aide dans le centre et le sud du territoire», selon la Défense civile de Gaza. Ce mardi 1er juillet, nouvelle tragédie : au moins 65 personnes ont été tuées, selon des sources médicales citées par la chaîne qatarie Al-Jazeera.
Au total, au moins 56 000 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’offensive israélienne en octobre 2023, lancée au lendemain des massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas en Israël. Les principales ONG internationales, telles Amnesty International ou MSF, qualifient désormais la tragédie en cours à Gaza de «génocide». Les signataires du communiqué réclament en urgence la fin du système d’aide basé sur la GHF et «le rétablissement d’un mécanisme de coordination unifié, dirigé par les Nations unies, fondé sur le droit humanitaire [et] qui réponde aux besoins de la population».