Au moins 52 personnes ont été tuées ce lundi 26 mai par des bombardements israéliens à Gaza, selon la Défense civile palestinienne, dont 33 dans une école abritant des déplacés, où l’armée israélienne a dit avoir visé des «terroristes». Ces nouvelles frappes meurtrières interviennent alors qu’Israël intensifie son offensive dans le territoire palestinien dévasté et en proie à une catastrophe humanitaire, malgré les pressions internationales croissantes.
Zone abritant des déplacés
Le bilan du «massacre de l’école Fahmi al-Jarjaoui» de Gaza-City est «d’au moins 33» morts «avec des dizaines de blessés, principalement des enfants», a indiqué le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal. Des images de l’AFP montrent dans la matinée des résidents de l’établissement inspecter les dégâts, dans une cour occupée par des tentes, dont de nombreuses détruites.
L’armée israélienne a dit, sans avoir fourni de preuve, avoir visé «des terroristes de premier plan qui opéraient dans un centre de commandement et de contrôle […] dans une zone qui servait auparavant d’école». Elle accuse régulièrement le Hamas d’opérer à partir d’écoles ou hôpitaux – qu’elle a visés à plusieurs reprises – ce que ce dernier nie. Bien qu’au moins 30 personnes aient été tuées ou brûlées vives, le communiqué de Tsahal précise que «de nombreuses mesures ont été prises pour atténuer le risque de blesser des civils».
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En parallèle, la Défense civile dans la bande de Gaza a ensuite fait état de 19 personnes tuées dans un bombardement israélien sur une maison de Jabalia, dans le nord du territoire palestinien assiégé. «Les équipes de la Défense civile ont […] transféré [à l’hôpital] 19 martyrs du massacre de la famille Abd Rabbo, après que les avions de guerre ont pris pour cible la maison tôt ce matin dans la ville de Jabalia […]. Nos équipes ont pu atteindre le site et récupérer les martyrs ce matin», a également relaté Mahmoud Bassal.
Tsahal a aussi fait part du tir de trois «projectiles» depuis le sud de la bande de Gaza, affirmant avoir intercepté l’un d’eux et que les deux autres sont tombés dans le territoire palestinien.
Pénurie sur pénurie
Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris son offensive mi-mars, et intensifié ses opérations militaires le 17 mai, dans le but affiché d’anéantir le Hamas – dont l’attaque en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre –, libérer les derniers otages et prendre le contrôle de la bande de Gaza. L’attaque du 7 Octobre a entraîné la mort de 1 218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. Plus de 53 900 Gazaouis, majoritairement des civils, ont été tués par la campagne de représailles israéliennes, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Les Gazaouis sont aussi confrontés à des pénuries de nourriture, d’eau, de carburant et de médicaments, après plus de deux mois d’un total blocage par Israël des entrées d’aide humanitaire, qui n’a été que partiellement levé lundi dernier. Les organisations humanitaires affirment que le peu d’aide qu’Israël a laissé entrer depuis est loin de répondre aux besoins.
Mobilisation
L’escalade militaire et cette catastrophe humanitaire nourrissent une indignation internationale croissante, y compris parmi les alliés historiques d’Israël. L’Union européenne a décidé la semaine dernière d’un réexamen de son accord d’association avec le pays. «A très court terme, pour arrêter cette guerre qui n’a plus de but et faire rentrer l’aide humanitaire de façon massive, sans entrave, de façon neutre, que ce ne soit pas Israël qui décide qui peut manger et qui ne peut pas, […] on doit envisager des sanctions», a affirmé dimanche le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares. Madrid, a-t-il affirmé, va demander la «suspension immédiate» de l’accord d’association entre l’UE et Israël, ainsi qu’un embargo sur les armes et des sanctions individuelles.
«Arrêter le plus vite possible»
Donald Trump, dont l’administration est le principal soutien du gouvernement de Benjamin Nétanyahou, a déclaré espérer «arrêter toute cette situation le plus vite possible». Au même moment, le chef de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), organisation créée de toutes pièces et soutenue par les Etats-Unis pour distribuer de l’aide dans la bande de Gaza, a annoncé sa démission. Jake Wood s’est dit incapable de remplir sa mission «tout en respectant strictement les principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance».
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L’organisation, qui siège à Genève, avait annoncé le 14 mai vouloir distribuer près de 300 millions de repas pour une période initiale de 90 jours. Dans un communiqué lundi, le conseil d’administration de la GHF a confirmé que l’aide commencerait à être distribuée : «Nos camions sont chargés et prêts à partir. A partir du lundi 26 mai, la GHF commencera à livrer directement de l’aide à Gaza, ce qui permettra d’atteindre plus d’un million de Palestiniens d’ici la fin de la semaine».
Il n’y avait toutefois aucune confirmation immédiate que GHF serait en mesure de lancer ses opérations lundi, ni sur la manière dont l’aide serait distribuée dans un territoire ravagé par la guerre. L’ONU et des ONG ont affirmé qu’elles ne participeraient pas à la distribution d’aide par cette fondation, accusée de travailler avec Israël.
Mise à jour à 10 h 01 avec davantage de contexte.