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Libération
Reportage

Guerre au Proche-Orient : en Cisjordanie, une annexion sans limites

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Conflit israélo-palestiniendossier
Avec 2 400 hectares de terres déclarées propriété d’Etat et une centaine de colonies en cours de légalisation, les bases ont été progressivement jetées au cours de l’année passée pour que le territoire occupé soit avalé par Israël, une ferme après l’autre.
Près du village palestinien de Ras Ein al-Auja, en Cisjordanie occupée, une famille de colons israéliens se photographie avec un troupeau, le 14 octobre 2024. (Victorine Alisse/Hors format pour Libération)
par Nicolas Rouger, envoyé spécial en Cisjordanie
publié le 4 décembre 2024 à 16h52

Les colons israéliens jubilent. «Le moment est venu», a déclaré le 11 novembre le ministre des Finances, le suprémaciste juif Bezalel Smotrich : la victoire de Donald Trump est un feu vert pour «établir la souveraineté israélienne en Judée-Samarie [le nom biblique de la Cisjordanie utilisé par les Israéliens, ndlr]». Des propos condamnés par l’administration Biden, mais corroborés par l’ambassadeur nommé par Trump à Jérusalem, Mike Huckabee. Une annexion serait-elle enfin possible ? «Certainement», a répondu le pasteur évangéliste sur les ondes de la radio militaire.

Encourager l’imposition du «droit exclusif du peuple juif sur toute la terre d’Israël» était le premier objectif du programme du gouvernement israélien. Les idéologues projettent de recoloniser Gaza ; mais le véritable jackpot est la Cisjordanie. Si, en phase avec le droit international, le souverain y reste encore l’armée israélienne, depuis le mois de mai, une administration indépendante parallèle a été créée, dotée d’un budget annuel de 150 millions d’euros. A sa tête, Hillel Roth, un proche de Smotrich, peut librement exproprier et faire construire, recruter et licencier des fonctionnaires dans les deux tiers du territoire qui sont entièrement sous contrôle israélien.

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