Sur la plage de Ramlet el-Baïda à Beyrouth, des gamins jouent au volley-ball, des brochettes d’hommes s’huilent le corps avant un grand bain d’UV et des familles promènent leurs enfants en poussette. Sur la corniche, il semble que le spectre de la guerre soit moins pénible au soleil. «La guerre, on la verra arriver !» s’amuse Hassan qui se prélasse sur un banc. De ce quartier où il réside, le trentenaire a pourtant déjà vu passer en avril les projectiles iraniens fendre le ciel vers Israël. «On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre cette fois-ci. La même chose ? Peut-être plus ? On a appris à être patients.» Depuis bientôt dix mois, ces Beyrouthins sont suspendus entre l’inquiétude, l’ennui et l’attente de cet embrasement en gestation que tout le monde a l’air d’annoncer.
Au Sud-Liban, loin de la capitale, les Libanais sont conscients que le pays traverse déjà un conflit d’un genre nouveau. En octobre 2023, chacun s’était pourtant préparé à revivre le conflit de 2006, qui opposait déjà le Hezbollah à l’armée israélienne. Une guerre éclair de trente-trois jours, hautement meurtrière pour les civils libanais, qu’on avait surnommée la «guerre de juillet». Il est clair maintenant que la donne actuelle est inédite. Le conflit est flottant, larvé dans le sud du pays, épargnant