La patience américaine vis-à-vis de son allié israélien semble atteindre ses limites. Joe Biden a estimé samedi 9 mars au soir que Benyamin Nétanyahou «fait plus de mal que de bien à Israël» par sa conduite de la guerre à Gaza, en tenant également des propos ambigus sur la question d’une «ligne rouge» que fixeraient les Américains.
«Il a le droit de défendre Israël, le droit de continuer à attaquer le Hamas. Mais il faut, il faut, il faut qu’il fasse plus attention aux vies innocentes perdues à cause des actions entreprises», a réclamé le président américain dans un entretien avec la chaîne MSNBC, en ajoutant : «A mon avis, il fait plus de mal que de bien à Israël».
Sans surprise, Benyamin Nétanyahou n’a pas apprécié la critique. Dans une interview accordée au magazine Politico, il a assuré que Joe Biden avait «tort» de faire ce genre de déclarations, niant agir contre les intérêts de son pays.
Analyse
Joe Biden a aussi été interrogé pendant cette interview sur l’existence d’une «ligne rouge» qu’Israël ne devrait selon lui pas franchir dans son offensive, et le journaliste lui demande en particulier si une offensive israélienne massive à Rafah, dans le sud du territoire palestinien, en serait une. «C’est une ligne rouge», a répondu le démocrate de 81 ans.
Mais il a aussitôt ajouté : «Je n’abandonnerai jamais Israël. Défendre Israël reste d’une extrême importance. Il n’y a pas de ligne rouge où je veux arrêter totalement les livraisons d’armes» et les Israéliens ne seraient alors plus «protégés par le Dôme de fer». L’aide américaine est cruciale pour le fonctionnement de ce dispositif défensif permettant d’intercepter roquettes et missiles.
Joe Biden ajoute toutefois, dans la foulée : «Il y a des lignes rouges… Ce n’est pas possible que 30 000 Palestiniens de plus meurent», reprenant d’ailleurs à son compte le chiffre de victimes estimé par le Hamas, au pouvoir dans l’enclave.
«Devriez-vous faire cela ?»
Le président américain s’est par ailleurs montré évasif sur la possibilité d’une nouvelle visite en Israël, où il s’était rendu en octobre peu après l’attaque meurtrière du Hamas, et qui comporterait une allocution devant le Parlement. «Devriez-vous faire cela ?», lui a demandé le journaliste. «Oui», a simplement rétorqué Joe Biden, mais sans rien dire de plus, et sans préciser s’il a été invité.
Le président américain ne cache plus sa frustration avec le chef du gouvernement israélien. Jeudi, après un discours au Congrès, des micros avaient capté une conversation informelle dans laquelle il déclarait, à propos de la nécessité d’augmenter l’aide humanitaire à Gaza : «Il va bien falloir qu’il se le rentre dans la tête.» «Je veux voir un cessez-le-feu», avait encore martelé Joe Biden, précisant qu’il évoquait pour commencer une cessation des hostilités pendant six semaines.
Le chef de l’Etat américain espérait cette trêve pour le début du ramadan. Mais alors que la fête religieuse des musulmans doit commencer ce dimanche ou lundi, les bombes continuent à pleuvoir sur Gaza.
Mise à jour à 18h40 : ajout de la réaction de Benyamin Nétanyahou.