Sur la place du musée de Tel-Aviv, ce vendredi 20 octobre, une grande table a été installée. 203 couverts y ont été dressés, devant 203 chaises, dramatiquement vides. Une installation symbolique alors que 203 otages étaient toujours détenus par le Hamas à Gaza. Finalement, ils ne seront que 201 à ne pas pouvoir célébrer Shabbat : dans la soirée, sans que personne ne s’y attende, le Hamas a soudainement annoncé la libération de deux otages américaines – une mère et sa fille.

Cette libération a eu lieu «pour des raisons humanitaires» et à la suite d’«une médiation du Qatar», assure dans un communiqué l’organisation terroriste islamiste. Elle viserait par ailleurs «à prouver au peuple américain et au monde entier que les allégations faites par [Joe] Biden et son administration fasciste [au sujet du Hamas] sont sans fondement».

Si l’information a rapidement été corroborée par les médias israéliens, il a fallu attendre deux bonnes heures pour que les autorités de l’Etat hébreu et des Etats-Unis la confirment. Vers 21 heures, le gouvernement israélien a annoncé que les deux otages américaines étaient bien arrivées en Israël et se dirigeaient «vers un point de rendez-vous, dans une base militaire du centre du pays où les attendent des membres de leurs familles». C’est la première fois depuis le début du conflit qu’une libération d’otages est confirmée par les deux parties.

Dans la foulée, Joe Biden s’est dit «au comble de la joie» : «Comme je l’ai dit à ces familles lorsque je leur ai parlé la semaine dernière, nous ne nous arrêterons pas tant que nous n’aurons pas ramené leurs proches à la maison. En tant que président, ma priorité n’est pas plus élevée que la sécurité des Américains retenus en otages dans le monde entier.»

Les gouvernements américains et israéliens ont par ailleurs confirmé l’identité des deux femmes, dont les photos tournaient dans la presse avant l’officialisation de leur libération : il s’agit de Judith Tai Raanan et de sa fille Natalie Shoshana Raanan. Elles avaient été kidnappées le 7 octobre alors qu’elles se trouvaient en visite au kibboutz (village agricole collectiviste) Nahal Oz.

D’après le Jerusalem Post, les deux femmes sont originaires d’un quartier du nord de Chicago. Natalie, 17 ans, venait de terminer le lycée aux Etats-Unis et était en année sabbatique en Israël. Judith, sa mère, serait une artiste, par ailleurs bénévole dans plusieurs hôpitaux de la région de Chicago. Elles étaient ensemble en Israël pour célébrer le 85e anniversaire de la mère de Judith.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar a quant à lui assuré dans la soirée que leur libération était le fruit de «plusieurs jours de communications continues» entre toutes les parties concernées. Il a par ailleurs affirmé que les otages avaient été remises «à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza». L’ONG a confirmé avoir récupéré puis transporté les deux femmes en Israël, se disant prête à reproduire l’opération à l’avenir en cas de besoin. Cela pourrait arriver rapidement : en fin de soirée, le Hamas a assuré «travaille [r] avec tous les médiateurs impliqués pour mettre en œuvre la décision du mouvement de clore le dossier des [otages] civils quand les circonstances sécuritaires le permettent».