C’est la deuxième fois en quelques semaines que des journalistes sont tués dans la zone. Quatre civils libanais dont deux journalistes sont morts dans des frappes israéliennes survenues ce mardi 21 novembre dans la région de Tayr Harfa au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, ont rapporté les autorités libanaises. La correspondante Farah Omar et son cadreur Rabih Maamari faisaient partie de la chaîne de télévision libanaise pro-iranienne Mayadeen TV, affiliée au Hezbollah libanais. Le directeur de Mayadeen TV, Ghassan bin Jiddo, a informé que le troisième civil tué, Hussein Aqil, était un «collaborateur» du média. Il fait mention d’une «frappe israélienne» et dénonce «une attaque délibérée». «Ce n’est pas un hasard», a-t-il déclaré lors d’une interview à la chaîne.
Ghassan bin Jiddo a souligné que cette frappe était intervenue après la décision du gouvernement israélien de bloquer les sites internet d’Al Mayadeen, devenue selon l’Etat hébreu un «porte-parole du Hezbollah».
"Israel" deliberately targeted #AlMayadeen's correspondent, Farah Omar, and cameraman Rabih Me'mari, killing them both after they had just ended their live broadcast from South #Lebanon. pic.twitter.com/EOvyiRkiM9
— Al Mayadeen English (@MayadeenEnglish) November 21, 2023
Le Premier ministre du Liban, Najib Mikati, a «fermement condamné l’attaque israélienne». «Cette attaque prouve une fois de plus qu’il n’y a pas de limites à la criminalité israélienne et que son objectif est de faire taire les médias qui dénoncent ses crimes et ses attaques», a-t-il déclaré auprès de médias locaux. Le Hezbollah a assuré que cette nouvelle «agression» contre les journalistes «ne resterait pas sans réponse» de sa part.
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et le Syndicat des journalistes libanais ont affirmé dans un communiqué «condamner le meurtre» de Farah Omar et de Rabih Maamari. Soulignant «l’incapacité des organisations internationales et des mécanismes existants à protéger les journalistes», ils demandent aux autorités «d’ouvrir d’une enquête immédiate». Interrogée par l’Agence France Presse sur cette frappe, l’armée israélienne a dit «examiner les détails».
Au moins 53 journalistes tués depuis le début du conflit
Au 21 novembre, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) dénombre qu’au moins 53 journalistes et professionnels des médias figuraient parmi les plus de 14 000 personnes tuées depuis le début du conflit le 7 octobre. Parmi eux, l’organisation journalistique dénombre 46 Palestiniens, 4 Israéliens et 3 Libanais.
En près de six semaines de guerre, ce total dépasse celui des 42 journalistes tués dans le monde en 2022, dont 15 en couvrant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. «Les journalistes de Gaza sont confrontés à des risques particulièrement élevés lorsqu’ils tentent de couvrir le conflit pendant l’attaque terrestre israélienne, notamment les frappes aériennes israéliennes dévastatrices, les communications interrompues, les pénuries d’approvisionnement et les pannes d’électricité importantes», note l’organisation.
Tribune
Le 13 octobre, un journaliste libanais de l’agence Reuters, Issam Abdallah, était tué dans une frappe similaire à celle de ses confrères de Mayadeen TV, au cours duquel six autres journalistes – deux de l’AFP, deux de Reuters et deux de la chaîne qatarie Al-Jazeera – ont été blessés.
Mi-novembre, un caméraman d’Al-Jazeera était légèrement blessé par des tirs israéliens alors qu’il couvrait avec d’autres correspondants de presse les bombardements dans le sud du Liban.