Najib (1) s’est toujours dit que pour avoir des enfants, il fallait un emploi stable. Pour leur offrir un avenir meilleur que celui promis par la Cisjordanie. Ce trentenaire costaud au regard doux s’est ainsi retrouvé à travailler dans un hôtel d’une ville touristique israélienne, bien loin des murs de Bethléem et des siens. Avec sa femme, ils ont tout de même attendu deux ans, pour s’assurer de leur nouvelle stabilité financière. D’autant que le père de Najib est mort entre-temps et qu’il fallait prendre sa mère en charge. Mais voilà qu’il y a huit mois, la providence leur a promis des jumeaux. Une heureuse surprise. «Un cadeau d’Allah, souffle-t-il d’une voix feutrée. Jusqu’au 7 octobre.» Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, Najib n’a plus droit de retourner travailler. Bloqué chez lui sans économies ni aucune perspective, avec une famille à entretenir et une promesse déjà brisée pour deux enfants pas encore nés. «Je n’ai plus rien d’autre à leur offrir que ce avec quoi j’ai grandi : le désespoir de la Palestine.»
Najib est loin d’être un cas isolé. Toute la Cisjordanie regorge d’histoires de vies brisées. Bethléem, comme toutes les autres villes des territoires palestiniens, est complètement sous cloche depuis bientôt trois semaines. Pour s’y rendre, il faut contourn