Le temps est doux dans le nord de la Cisjordanie en cette mi-octobre. Parfois, on a trop chaud au soleil. Alors les 150 locataires temporaires du Korea Center, dans le nord de la ville de Jénine, se réfugient à l’ombre sur des matelas. Un narguilé roucoule. On est loin de Gaza et des batteries d’artillerie qui pilonnent la bande à intervalle régulier depuis samedi 7 octobre et l’attaque massive du Hamas sur Israël. Mais le calme est trompeur. Gaza est partout, dans tous les esprits : c’est là-bas que ces hommes ont laissé leurs familles et amis.
Depuis samedi, ils arrivent en grappe. D’abord 30, dès dimanche, presque 500 aujourd’hui rien qu’à Jénine, répartis dans trois centres comme celui-ci. Ce sont des travailleurs de Gaza, des heureux élus qui avaient réussi à obtenir un des 20 000 permis de travail en Israël. Dès le début de l’offensive sanglante du Hamas, le gouvernement israélien a résilié tous les permis, signant la fin brutale d’une politique hybride de gestion du conflit, une étape vers cette paix économique illusoire à laquelle les gouvernements israéliens successifs voulaient tant croire, tellement plus simple qu’une solution politique sans avenir.
Chacun a son histoi