La bruine automnale, les écolières des écoles de l’Office des Nations unies pour les réfugiés de Palestine en uniformes layette, les mégaphones des vendeurs de fruits et légumes à plein tube, les drapeaux jaunes bien défraîchis du Fatah aux lampadaires… A première vue, business as usual à Ramallah, «capitale» malgré elle de la Cisjordanie et de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Pour percevoir ce qui a changé depuis l’attaque massive du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, il faut regarder de près. Comme les mines renfrognées, dans ce café à la Starbucks prisé par les huiles sécuritaires, de tous ces hommes en costards cintrés anthracite et chemises immaculées, rivés à leurs téléphones portables où défilent les dernières vidéos de destruction de Gaza, leurs cigarettes leur brûlant les doigts.
«Franchement, ça a été une surprise pour tout le monde ici, que ce soit les jeunes de la rue ou les dirigeants des factions, assure Mohammed Najib, un journaliste proche des milieux sécuritaires palestiniens. Au début, il y a même eu des célébrations, surtout dans les camps de réfugiés. Les gens se sont dit, avec tous ces otages, tous les prisonniers vont revenir. Pui