La bouche du cheval frottant sur le bitume, le reste du corps empalé sur une tractopelle de l’armée israélienne. C’est la dernière image que les 18 000 habitants de Jénine, ville symbole dans le nord de la Cisjordanie, gardent de la sculpture saisie par les forces israéliennes au petit matin, ce lundi 30 octobre, alors que la guerre fait rage depuis plus de trois semaines dans le sud d’Israël et dans la bande de Gaza. La destruction d’un symbole au milieu des attaques répétées de Tsahal dans des poches de combat palestiniennes, dont la dernière, dans la nuit de mardi à mercredi, a fait trois nouveaux «martyrs», comme sont appelés ici les combattants tués.
Depuis vingt ans, le grand cheval de métal servait de point de repère géographique et mémoriel à une population dont une grande partie est originaire de Haïfa, arrivée ici après la création de l’Etat d’Israël en 1948, dans cette ville alors sous contrôle jordanien. Le camp de tentes installé par les Nations unies en 1953 est devenu au fil des ans un quartier accolé à Jénine, et un foyer de lutte armée contre les accords d’Oslo. C’est en 2002, lors de la seconde intifada, qu’une frappe aérienne israélienne tue Khalil Suleiman, médecin chef des services d’urgence de la ville. <