Soudain, le trafic s’arrête. Par trafic, comprendre quelques citadines de location avec du scotch noir sur les portières indiquant «TV» et des jeeps militaires, clairement plus adaptées à ces petites routes qui mènent aux kibboutz martyrs de ce que les Israéliens appelaient jusqu’alors «l’enveloppe de Gaza». Un convoi soulève la poussière. Au milieu, une limousine blindée. «Le Premier ministre !» lâche un soldat. Le cortège revient de Kfar Aza, «Gaza-Village» en hébreu. Ces derniers jours, la petite communauté de 750 âmes avant le massacre est devenue, avec la rave transformée en charnier, l’un des symboles des atrocités commises par les hommes du Hamas.
Après avoir repris le kibboutz au terme d’âpres combats s’étalant sur deux jours, l’armée israélienne avait tenu à y amener très vite légions de journalistes du monde entier, pour que l’effroi les saisisse. «Comme lorsque les Américains ont libéré les camps de concentration», avait expliqué Itai Veruv, le major-général derrière cette décision. S’en était suivie une sordide controverse autour de la découverte de «bébés décapités» – exactions que les médias internationaux n’ont pu vérifier indépendamment. Aucun bilan définitif de la tuerie n’a été arrêté, les identifications de certains corps étant touj