Veste sans manches, cheveux grisonnants, Mahmoud, 54 ans, a la voix grave de celui qui enchaîne les cigarettes. C’est derrière le comptoir de l’échoppe d’un ami, dans le quartier Suwaylih au nord d’Amman, que ce Gazaoui tente d’appeler son cousin Sami. Celui-ci se trouve à Khan Younès, dans l’enclave palestinienne pilonnée sans relâche par l’armée israélienne depuis le début de sa guerre avec le Hamas. «Ça sonne mais impossible de se parler en direct», explique Mahmoud, l’air inquiet. Sami laisse un message vocal : «Je t’entends mal, je réponds mais ça raccroche automatiquement, je ne sais pas si le problème vient de ton réseau ou du mien.»
Depuis le 7 octobre, les échanges téléphoniques sont devenus très difficiles entre Mahmoud et sa famille à Gaza. Et la paranoïa règne : «Lorsque j’appelle, je prends le risque que la ligne soit géolocalisée et qu’un missile soit envoyé