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Libération
Reportage

Guerre Hamas-Israël : en Jordanie, la double peine des Palestiniens de Gaza

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Gaza, l'engrenagedossier
Dans le royaume hachémite, les immigrés Gazaouis vivent comme des citoyens de seconde zone, à côté de ceux venus de Cisjordanie. En plus de l’inquiétude de voir leurs proches mourir à Gaza, ils n’ont ni nationalité, ni le droit de travailler ou même d’acheter une voiture.
Dans le camp de réfugiés Baqa'a en 2018, au nord d'Amman en Jordanie, qui a été construit comme camp d'urgence en 1968 pour héberger les Palestiniens qui ont quitté la Cisjordanie et la bande de Gaza après la guerre des Six jours. (Khalil Mazraawi/AFP)
par Mohamed Errami, correspondance à Amman
publié le 12 novembre 2023 à 9h42
(mis à jour le 12 novembre 2023 à 12h45)

Veste sans manches, cheveux grisonnants, Mahmoud, 54 ans, a la voix grave de celui qui enchaîne les cigarettes. C’est derrière le comptoir de l’échoppe d’un ami, dans le quartier Suwaylih au nord d’Amman, que ce Gazaoui tente d’appeler son cousin Sami. Celui-ci se trouve à Khan Younès, dans l’enclave palestinienne pilonnée sans relâche par l’armée israélienne depuis le début de sa guerre avec le Hamas. «Ça sonne mais impossible de se parler en direct», explique Mahmoud, l’air inquiet. Sami laisse un message vocal : «Je t’entends mal, je réponds mais ça raccroche automatiquement, je ne sais pas si le problème vient de ton réseau ou du mien.»

Depuis le 7 octobre, les échanges téléphoniques sont devenus très difficiles entre Mahmoud et sa famille à Gaza. Et la paranoïa règne : «Lorsque j’appelle, je prends le risque que la ligne soit géolocalisée et qu’un missile soit envoyé