Au 70e jour de la guerre entre le Hamas et Israël, l’Etat hébreu a multiplié ce vendredi 15 décembre les raids aériens sur la bande de Gaza. Déterminé à mener «jusqu’au bout» sa guerre contre l’organisation islamiste palestinienne, Israël met à rude épreuve la patience de son allié américain. Entre pilonnage aérien israélien et bataille de rue entre soldats et combattants palestiniens, le bilan des morts à Gaza atteint désormais 18 800 personnes, en grande majorité des femmes, des enfants et des moins de 18 ans, d’après les chiffres invérifiables avancés par le ministère de la Santé du Hamas.
Israël annonce avoir tué trois otages identifiés «par erreur» comme une «menace». L’armée israélienne a annoncé vendredi que des soldats opérant dans la bande de Gaza avaient tué trois otages israéliens «identifiés par erreur» comme une «menace». «Lors de combats à Choujaiya [nord], l’armée a identifié par erreur trois otages israéliens comme une menace. En conséquence, les soldats ont ouvert le feu dans leur direction et ils ont été tués», a indiqué le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, à la télévision. Les victimes sont Yotam Haïm et Samer al-Talalka, tous deux enlevés au kibboutz Nir Am lors de l’attaque meurtrière du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, précise un communiqué de l’armée. La famille du troisième otage tué n’a pas souhaité que son identité soit rendue publique. Leurs corps ont été rapatriés en Israël.
Israël poursuit les frappes sur Gaza, malgré les pressions de Washington. L’Etat hébreu a multiplié ce vendredi les raids aériens sur l’enclave palestinienne, et ce malgré l’appel des Etats-Unis à réduire l’intensité des frappes et à protéger les civils. Dans la grande ville de Khan Younès, située dans le sud, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de «dizaines de morts et de blessés» après des bombardements. Les attaques ont aussi visé la ville voisine de Rafah, où un survivant a raconté à l’AFP qu’il y avait «des blessés», et que tout était «détruit».
Israël autorise l’entrée «temporaire» d’aide humanitaire. L’Etat hébreu a annoncé ce vendredi avoir approuvé «temporairement le déchargement de camions» dans la bande de Gaza par un de ses points de passage – celui de Kerem Shalom –, afin de décongestionner celui de Rafah, situé entre l’enclave palestinienne et l’Egypte. «La décision du cabinet précise que seule l’aide humanitaire en provenance d’Egypte sera livrée à Gaza de cette façon», a précisé le bureau du Premier ministre Benyamin Nétanyahou dans un communiqué.
Plusieurs compagnies maritimes suspendent le passage de leur navires en Mer Rouge. Le géant danois du transport maritime Maersk a ordonné vendredi à ses navires de ne plus passer par le détroit stratégique de Bab al-Mandab «jusqu’à nouvel ordre», après de nouvelles attaques des rebelles Houthis du Yémen sur fond de guerre à Gaza. Cette décision survient après que les Houthis, proches de l’Iran, ont prévenu qu’ils viseraient des navires naviguant en mer Rouge au large des côtes du Yémen ayant des liens avec Israël, en riposte à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza. Dans la soirée, l’armateur allemand Hapag-Lloyd a également qu’il suspendait au moins jusqu’à lundi les traversées de ses porte-conteneurs sur la mer Rouge.
L’otage Elya Toledano retrouvé mort à Gaza. La dépouille du Franco-Israélien Elya Toledano, qui avait été pris en otage par le Hamas alors qu’il participait au festival de musique Tribe of Nova le 7 octobre, a été récupérée et ramenée en Israël, a annoncé Tsahal vendredi. L’homme de 28 ans était un ami de Mia Shem, également capturée lors du festival, et libérée le 30 novembre dans le cadre d’un accord de trêve. Ces dernières semaines, des familles d’otages avaient déclaré ne pas savoir si Elya Toledano était toujours vivant.
«Profonde tristesse ce matin en apprenant son décès à Gaza. Je partage le choc et la peine de sa famille. Il avait 28 ans», a réagi Emmanuel Macron sur X (anciennement Twitter). Le président français a ensuite promis de «continuer d’œuvrer sans relâche pour libérer tous les otages» pris par le mouvement islamiste palestinien. «L’armée israélienne présente à la famille ses sincères condoléances», a pour sa part déclaré Tsahal, assurant que les proches du jeune homme avaient bien été prévenus de la découverte de son corps avant cette déclaration publique. Début novembre, Libération rencontrait son frère aîné, concessionnaire auto de Tel-Aviv venu en France plaider la cause de son cadet et sensibiliser la communauté internationale au sort des otages du Hamas.
Notre compatriote Elia Toledano a été enlevé le 7 octobre par le Hamas. Profonde tristesse ce matin en apprenant son décès à Gaza. Je partage le choc et la peine de sa famille.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 15, 2023
Il avait 28 ans.
La France continue d’œuvrer sans relâche pour libérer tous les otages.
Un appel conjoint à mettre fin aux violences des colons israéliens. L’Union européenne, l’Australie, le Canada, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse ont exhorté l’Etat hébreu ce vendredi à «prendre des mesures concrètes pour faire cesser la violence sans précédent des colons israéliens en Cisjordanie occupée». Condamnant «fermement les violences commises par les colons extrémistes, qui terrorisent les communautés palestiniennes», les ministères des Affaires étrangères ont dénoncé «l’incapacité d’Israël à protéger les Palestiniens» et lui ont demandé de traduire en justice les responsables de ces violences, selon un communiqué commun transmis par le ministère français.
Nouvelles attaques en mer Rouge. Les rebelles Houthis du Yémen ont revendiqué ce vendredi des attaques contre deux navires en mer Rouge, au lendemain d’une frappe similaire dans cette zone militaire stratégique. Une «opération militaire» a été menée «contre deux porte-conteneurs, MSC Alanya et MSC Palatium III, qui se dirigeaient vers l’entité israélienne», a affirmé ce vendredi leur porte-parole militaire, Yehya Sari. Les navires ont été visés par deux missiles «après que leurs équipages ont refusé de répondre aux appels des forces navales yéménites ainsi qu’aux messages d’avertissement», a-t-il poursuivi, s’exprimant lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens organisée à Sanaa. Alors que les rebelles yéménites multiplient les opérations en mer Rouge, Jake Sullivan, le conseiller américain à la sécurité nationale, a dénoncé «une menace concrète pour une libre navigation», et a assuré que «Les Etats-Unis travaillent avec la communauté internationale et leurs partenaires dans la région pour faire face à cette menace».
Il ne serait «pas juste» d’occuper Gaza après la guerre, estime Washington. «Nous pensons que ça n’a pas de sens pour Israël, ou qu’il ne serait pas juste qu’Israël occupe Gaza, réoccupe Gaza sur le long terme», a déclaré ce vendredi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan. Plus tôt dans la semaine, Benyamin Nétanyahou avait affirmé vouloir prendre «la responsabilité générale de la sécurité» du territoire «pour une durée indéterminée» une fois la guerre terminée. De son côté, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rétorqué ce vendredi que toute tentative de «séparer» la bande de Gaza de l’Etat palestinien était «inacceptable».
Au Liban, Tsahal déploie des tracts et met en garde contre le Hezbollah. Pour la première fois depuis le début du conflit, l’armée israélienne a lancé ce vendredi des tracts au-dessus d’un village du sud du Liban. Selon les informations récoltées par l’AFP auprès des habitants, les messages mettent en garde les citoyens contre toute aide accordée au Hezbollah. «Aux habitants du sud du Liban, nous vous informons que le Hezbollah terroriste s’infiltre dans vos maisons et sur vos terres», assure le texte, prévenant la population que le fait d’aider le Hezbollah l’expose «au danger».