Où est Yahya Sinwar, le très influent chef du Hamas ? Depuis le 7 octobre, voilà l’une des questions prioritaires pour l’état-major israélien. L’hypothèse la plus crédible, selon le Washington post qui cite des sources de renseignement israélien et américain, est que l’homme de 61 ans se terrerait dans les tunnels sous-terrains de la bande de Gaza, probablement près de Khan Younès, la ville du sud de Gaza où il est né en 1962, voire plus au sud encore à Rafah. Il y serait très probablement entouré d’un «bouclier d’otages humains destiné à dissuader toute opération visant à le capturer ou le tuer». Son arrestation, ou son assassinat ciblé, fait partie des priorités du gouvernement israélien.
A lire aussi
«Nous tuerons les dirigeants du Hamas. Nous ne devons pas mettre fin à la guerre avant cela», rabâchait début février Benyamin Nétanyahou. Une attitude jusqu’au-boutiste malgré les multiples appels de la communauté internationale à une trêve alors que l’offensive israélienne a déjà coûté la vie à au moins 30 000 personnes dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. D’autant que la chasse à l’homme pourrait encore durer longtemps : le trouver dans l’immense gruyère souterrain est un défi immense.
Cela fait des mois que Tsahal s’affaire à cartographier minutieusement le réseau de tunnels, grâce aux soldats qui, en y progressant, récupèrent des informations laissées dans l’urgence par le Hamas, comme des ordinateurs, annuaires téléphoniques ou dossiers. L’armée aurait aussi récupéré des vêtements, une brosse à dents et des notes écrites par Yahya Sinwar. Tsahal se base aussi sur les témoignages des interrogatoires des combattants du Hamas capturés pour le cartographier. Mais le réseau est immense : on parle d’au moins 500 kilomètres de tunnels en dessous de l’enclave.
Nétanyahou sous le feu des critiques
Des quelque 250 civils et soldats capturés le 7 octobre en Israël par le Hamas et emmenés à Gaza, au moins 130 seraient encore en captivité. Parmi eux, au moins une vingtaine de morts. La chasse à l’homme menée contre Yahya Sinwar et les autres cadres du Hamas, qui semble parfois être une priorité aux dépens de la libération des otages, soulève de vives critiques contre Benyamin Nétanyahou. Certains s’interrogent par ailleurs sur le rôle réel qu’a Yahya Sinwar aujourd’hui. «Il ne dirige pas la campagne militaire, il est engagé dans sa survie personnelle», avait reconnu au début du mois Yoav Gallant, le ministre de la Défense d’Israël.
Le tuer serait néanmoins «faire preuve de pure justice», estime Alon Pinkas, diplomate israélien chevronné cité par le Washington Post : «Pour les Israéliens, il représente le mal incarné, mais il ne doit y avoir aucun doute : l’éliminer ne permettra pas d’“éradiquer”, d’“anéantir” ou de “renverser” le Hamas. Ce ne serait pas non plus une victoire. Il s’agirait d’un châtiment justifié infligé à un seul homme, qui donnerait aux Israéliens le sentiment d’avoir obtenu justice et d’avoir tourné la page. Rien de plus, rien de moins.»
L’attention portée au sort du patron du Hamas à Gaza est remontée d’un cran le 13 février, lorsque les autorités israéliennes ont diffusé une vidéo qui daterait du 10 octobre, soit trois jours après l’attaque du mouvement islamiste sur le sol israélien, dans laquelle Sinwar apparaîtrait en train d’arpenter les sous-sols de la bande de Gaza. Issue de caméras de surveillance récupérées dans un tunnel de l’enclave palestinienne, elle montrait un homme, de dos, avec une femme et des enfants.