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Frappes

Guerre Hamas-Israël : les raids continuent et la situation humanitaire se détériore

Quatre jours après le début de l’offensive, les tirs de roquettes se poursuivent et l’ampleur des tueries perpétrées dans les kibboutz se révèle.
A Gaza, mardi 10 octobre. (Mohammed Salem/Reuters)
publié le 10 octobre 2023 à 21h06

La bande de Gaza a subi, au quatrième jour de la guerre entre Israël et le Hamas, les frappes aériennes les plus féroces en 75 ans de conflit. En réponse à l’attaque du Hamas sur Israël le samedi 7 octobre, de loin la plus meurtrière de son histoire, l’Etat hébreu impose depuis lundi le «siège complet» de la bande de Gaza, d’où sont parties les attaques, piégeant ses 2,3 millions d’habitants. Plus de 200 raids aériens ont réduit des quartiers entiers à des tas de gravats. Dans son dernier décompte mardi soir, le ministère palestinien de la Santé faisait état de 900 morts et de 4 600 blessés dans l’enclave.

En Israël, les funérailles se sont succédé, entrecoupées par les sirènes d’alerte. Les roquettes, tirées depuis Gaza, continuent de s’abattre dans plusieurs régions du pays. Le pays déplore plus de 1 200 morts, selon le journal Yediot Aharonot, en majorité des civils. Le quotidien affirme également que 200 personnes enlevées par le Hamas sur le territoire israélien sont retenues en otages à Gaza. Compliquant la réponse militaire des forces israéliennes, le groupe islamiste palestinien ayant menacé d’exécuter un captif pour chaque maison palestinienne touchée sans avertissement.

En fin de journée mardi 10 octobre, les tensions semblaient s’envenimer à la frontière entre Israël et le Liban, faisant craindre l’ouverture d’un nouveau front et une potentielle escalade régionale. Les forces israéliennes ont déclaré qu’une salve de roquettes avait été tirée depuis le sud du Liban en direction d’Israël, et que le Hezbollah – soutenu, comme le Hamas, par l’Iran –, avait tiré un missile antichar sur un véhicule militaire. En réponse, un hélicoptère israélien a pris pour cible des postes d’observation du Hezbollah. Mardi soir, les habitants de la ville israélienne de Metula, à la frontière avec le Liban, ont d’ailleurs été priés d’évacuer par les autorités locales.

«C’est un massacre»

Les forces de défense israéliennes ont annoncé mardi avoir tué, lors d’une frappe aérienne sur Gaza, le ministre palestinien de l’Economie, Juad Abu Smallah, accusé de gérer les fonds du Hamas. L’armée, qui déclare avoir repris le contrôle de la frontière de Gaza, affirme également avoir retrouvé «environ 1 500 corps» de combattants du Hamas sur le sol israélien depuis samedi. Notamment ceux qui s’étaient infiltrés à Zikim, un kibboutz proche de la frontière.

Mardi, ils ont donné accès à la presse à un autre kibboutz, celui de Kfar Aza, tout près de la frontière avec Gaza. Laissant voir la dévastation après l’assaut de samedi : les corps des résidents israéliens et des militants du Hamas au milieu des maisons incendiées et des voitures calcinées. «Ce n’est pas une guerre, ce n’est pas un champ de bataille, c’est un massacre», a déclaré le général de division israélien Itai Veruv, cité par Reuters. «Vous voyez les bébés, les mères, les pères, dans leurs chambres, dans leurs abris, et comment les terroristes les ont tués», a-t-il décrit, comparant l’horreur de la scène avec celle des «pogroms» du passé. «Plus de 100» personnes ont été tuées dans le kibboutz de Beeri, selon un porte-parole de l’ONG Zaka.

Dans un communiqué, la Commission d’enquête permanente de l’ONU sur les violations des droits de l’homme dans les territoires palestiniens et Israël a indiqué «recueillir et conserver des preuves de crimes de guerre commis par toutes les parties» depuis les attaques de samedi.

«Ni électricité, ni nourriture, ni eau, ni carburant»

Reconnaissant les «inquiétudes légitimes d’Israël pour sa sécurité» et réitérant sa «condamnation absolue» des «attaques abjectes» du Hamas, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit «profondément bouleversé» par le siège de Gaza. Lundi, qualifiant les combattants du Hamas d’«animaux», le ministre de la Défense israélien avait annoncé que «ni électricité, ni nourriture, ni eau, ni carburant» ne serait autorisé à entrer dans l’enclave. Mardi soir, lors d’une rencontre avec des soldats à la frontière avec Gaza, il a dit que «toute restriction» était levée dans le combat contre le Hamas et annoncé «la transition vers une offensive de grande envergure».

«La situation humanitaire à Gaza était extrêmement difficile avant les hostilités, elle va désormais se détériorer de façon exponentielle», s’est alarmé Guterres. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a lui déclaré qu’imposer un siège mettant en danger des vies civiles était «interdit par le droit international humanitaire» – tout comme la prise d’otages, a-t-il rappelé, exhortant le Hamas à libérer les civils capturés.

Selon les Nations unies, 180 000 habitants de Gaza, un territoire densément peuplé, pauvre et sous blocus israélien depuis 2007, sont aujourd’hui sans abri. Les hôpitaux font déjà face à une pénurie de matériel médical et des coupures d’électricité. Les morgues sont pleines, et les bombardements des routes empêchent fréquemment les équipes d’urgence d’atteindre les lieux des frappes. Les habitants cherchent refuge dans les écoles ou des bâtiments municipaux. Mais pour un jeune gazaoui cité par l’agence Reuters, «à Gaza, aucun endroit n’est sûr».