L’incertitude est à la hauteur de l’espoir. Ces heures cruciales entre la conclusion tardive de l’accord Hamas-Israël et la libération des premiers otages sont «un moment de réel espoir», a affirmé la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna ce mercredi 22 novembre. «Nous espérons qu’il y a des Français parmi eux et si possible parmi le premier groupe» de personnes qui retrouvera sa liberté, a-t-elle repris au micro de France Inter. D’après le deal approuvé par le gouvernement israélien et le mouvement islamiste, le premier depuis le début de la guerre le 7 octobre, ce sont 50 otages qui devraient être libérés progressivement, sur les 240 détenus environ.
Sur Radio J, station de radio communautaire juive, le député Meyer Habib, dont la circonscription des Français de l’étranger recouvre Israël, s’est montré plus catégorique ce mercredi matin : «il y aura un ou deux Français» parmi les otages libérés.
Portraits
Sur les huit Français portés disparus, quatre correspondent aux modalités de l’accord conclu entre les deux belligérants, qui prévoit que les otages relâchés soient des femmes ou des mineurs. Il s’agit de Mia Shem, apprentie tatoueuse de 21 ans enlevée au festival Tribes of Nova ; et de trois enfants, Eitan Yahalomi, 12 ans, enlevé au kibboutz de Nir Oz, ainsi que Erez et Sahar Kalderon, frère et sœur de 12 et 16 ans originaires du même kibboutz, disparus après l’attaque du Hamas du 7 octobre.
Pour l’heure, le gouvernement ignore si ces huit personnes ont été, ou sont encore, aux mains du Hamas. Les seules – maigres – informations disponibles portent sur le sort d’un adolescent et de Mia Shem, dont une preuve de vie avait été fournie via une vidéo diffusée par le mouvement islamiste, le 16 octobre, il y a maintenant plus d’un mois. «Il faut distinguer les cas sur lesquels nous avons des certitudes, des autres», a insisté Catherine Colonna.
«Il faut que chacune des parties tienne sa part du contrat»
Pourquoi la ministre ne précise-t-elle pas si des Français vont être libérés ? «Par prudence, il faut que chacune des parties tienne sa part du contrat, il faut que rien ne vienne entraver le processus, il faut une mise en œuvre», a-t-elle répondu. La cheffe de la diplomatie française a aussi noté que les otages étaient à la fois aux mains du Hamas et du Jihad islamique, ce qui complique l’opération, bien que le premier a «assuré qu’il pouvait rassembler l’ensemble des otages».
Plus largement, Catherine Colonna a appelé à une trêve humanitaire «durable» pour permettre la libération de toutes les personnes détenues – quelque 240 otages – dans la bande de Gaza. «Nous œuvrons sans relâche pour que tous les otages soient libérés», a de son côté affirmé le Président Emmanuel Macron, dans un court message publié sur X (ex-Twitter).
Interview
En attendant, la ministre des Affaires étrangères française a déjà salué «tout particulièrement le travail du Qatar» ainsi que celui d’Israël et de ses alliés américains. Pour obtenir l’accord entre le Hamas et l’Etat hébreu, Doha a joué un rôle de médiateur clé. «Il faut saluer cet accord. C’est un moment de réel espoir», a-t-elle ajouté, espérant que cette trêve puisse mener à un cessez-le-feu.
Catherine Colonna a enfin rappelé qu’Israël doit faire le maximum pour protéger les populations civiles palestiniennes, y compris celles en Cisjordanie, où «environ 200» personnes ont été «tué [e] s par des colons» israéliens, une situation «inadmissible et indigne d’une démocratie». «Il y a eu trop de morts, nous le disons depuis des semaines», a-t-elle martelé.