A proximité de violents combats entre soldats israéliens et combattants du Hamas, la situation est de plus en plus dramatique pour les hôpitaux du nord de la bande de Gaza. Ainsi ce dimanche 12 novembre, au 37e jour de guerre déclenchée par une attaque terroriste sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, 20 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza sont «hors service», alerte le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est même alarmé tôt ce dimanche d’avoir «perdu le contact» avec ses interlocuteurs à l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza, le plus grand de l’enclave palestinienne, objet d’«attaques répétées».
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Médecins Sans Frontières (MSF) a rapporté des «bombardements incessants» sur les hôpitaux de la ville de Gaza. «Si nous n’agissons pas maintenant, si nous n’arrêtons pas immédiatement ce bain de sang avec un cessez-le-feu ou au minimum une évacuation médicale des patients, ces hôpitaux deviendront bel et bien une morgue», a jugé MSF. L’hôpital al-Shifa a été «touché plusieurs fois, y compris la maternité». Deux bébés prématurés «sont morts parce que leur incubateur ne fonctionnait plus, il n’y avait plus d’électricité», a raconté le Dr Mohammed Obeid, chirurgien de MSF au service néonatal, dans un message diffusé par l’ONG sur le réseau social X. Son service abrite une quarantaine de nouveau-nés prématurés, dont 17 en soins intensifs, a-t-il dit.
Deeply worrisome and frightening: @WHO has lost contact with its focal points in Al-Shifa Hospital in #Gaza, amid horrifying reports of the hospital facing repeated attacks.
— Tedros Adhanom Ghebreyesus (@DrTedros) November 12, 2023
There are reports that some of those who fled the hospital have been shot at, wounded, or killed.
The… https://t.co/buhccOjRqF
De son côté, le directeur de l’hôpital, Mohammed Abou Salmiya, a demandé «à la communauté internationale de faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il cesse de viser des hôpitaux et des ambulances». «Un autre patient adulte est mort parce que son respirateur artificiel s’est arrêté» faute d’électricité, a-t-il ajouté, soulignant la précarité qui règne dans l’hôpital: «Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau, pas de nourriture» dans cet établissement qui accueille 600 patients.
«Boucliers humains»
L’armée israélienne, elle, a démenti samedi avoir ciblé l’hôpital, qualifiant de «fausses» les informations selon lesquelles ses troupes «encerclent et frappent» l’établissement. Elle a en outre indiqué qu’elle allait aider ce dimanche «à évacuer les bébés du service pédiatrique vers un hôpital plus sûr». Dans un nouveau communiqué diffusé dans la nuit, Mohammed Abou Salmiya a toutefois réaffirmé que «l’hôpital est totalement encerclé et les bombardements se poursuivent dans ses environs». «L’équipe médicale ne peut travailler et les corps, par dizaines, ne peuvent être gérés ou enterrés», a-t-il ajouté.
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Selon le Croissant-Rouge palestinien, «des chars israéliens sont [également] à 20 mètres de l’hôpital Al-Qods», autre établissement de la ville de Gaza où sont réfugiées 14 000 personnes déplacées. «L’hôpital est isolé pour le sixième jour consécutif à cause des bombardements incessants» qui visent «directement» l’établissement, a affirmé l’organisation. Les autorités israéliennes répètent que le Hamas utilise les bâtiments civils comme les hôpitaux pour mener des attaques ou cacher des tunnels. Ainsi, pour le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, «la responsabilité de tout tort fait aux civils incombe au Hamas», qui selon lui les utilise comme «boucliers humains», ce que le mouvement islamiste dément.
Au total, près de 200 000 Palestiniens ont fui ces trois derniers jours le nord de la bande de Gaza via des «corridors» ouverts quotidiennement pendant des «pauses» humanitaires, pour se réfugier au sud, moins ciblé. Le terminal de Rafah, contrôlé par l’Egypte, doit rouvrir ce dimanche pour laisser passer des blessés, des étrangers et des binationaux, selon les autorités locales.