Les engins tirés par l’Iran ont à «99 %» été détruits par les systèmes de défense d’Israël, avant de frapper le territoire israélien, a assuré Tsahal après l’attaque de drones et de missiles de la part de l’Iran et de ses alliés, samedi 13 avril. Avec son nom tout droit sorti d’une franchise de science-fiction, le «Dôme de fer» est considéré comme l’un des fleurons de l’armement israélien. Depuis 2011, ce système de défense anti-aérien ultra sophistiqué protège la population israélienne.
Qu’est-ce que ce «Dôme de fer» ?
Le «Dôme de fer» est la première lame du vaste et complexe système anti-aérien développé par l’armée israélienne. Cette technologie, le kipat barzel en hébreu, a été développée au début des années 2000 par le groupe d’armement public Rafael Defense Systems établi à Haïfa dans le nord d’Israël, et financé en partie par les Etats-Unis via la société Raytheon. L’installation de la première batterie remonte à mars 2011 dans la région de Beer-Sheba, à une quarantaine de kilomètres de la bande de Gaza. Une dizaine ont déjà été installées depuis près des villes d’Ashkelon, d’Ashdod, de Nétivot, au sud de Tel-Aviv, et près des frontières libanaise et syrienne.
Sa mission principale : protéger les localités proches jouxtant le territoire de Gaza, en interceptant des roquettes et des obus d’artillerie de courte et moyenne portée (de 4 à 70 kilomètres), selon son constructeur. Le système a été conçu pour fonctionner sous n’importe quelles conditions météorologiques, de jour comme de nuit, en temps de brouillard, sous des trombes d’eau. Il a été exporté dans plusieurs pays comme l’Azerbaïdjan, l’Inde, la Roumanie ou les Etats-Unis, qui développent désormais leur propre réplique de ce système.
En plus du Dôme de fer, Israël s’est équipé d’autres systèmes anti-aériens encore plus performants : la Fronde de David (ou «baguette magique»), qui peut détruire des missiles balistiques de courte et moyenne portée (70 à 250 km), des missiles de croisière et autres roquettes de gros calibres. Arrow-3, le niveau supérieur du dispositif antimissiles, est destiné à intercepter des missiles balistiques au-delà de l’atmosphère, avec une portée annoncée de 2 400 km. C’est cette version que vient d’acheter l’Allemagne pour 3,5 miiliards de dollars avec livraison en 2025.
Comment marche-t-il ?
Chaque batterie comprend un radar de détection et de pistage, un logiciel de contrôle de tir et trois lanceurs équipés chacun de 20 missiles d’interception. Lorsqu’une roquette est envoyée en provenance du territoire palestinien, l’un des radars tridimensionnels à balayage électronique ELM-2084 la détecte et envoie des données à un puissant ordinateur de gestion, capable de déterminer le point d’impact.
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La nature de l’objet, sa trajectoire et sa vitesse sont identifiées et analysées, et transmises aux opérateurs des batteries de missiles Tamir. Si le projectile risque de tomber sur une zone habitée, un missile d’interception sol-air est lancé. Le lanceur ne rentre pas directement en collision avec la roquette, mais la détruit avec une charge explosive déclenchée à proximité. Les roquettes considérées comme sans danger pour la vie humaine ou les infrastructures ne sont pas interceptées.
Pourquoi n’a-t-il pas (bien) fonctionné lors de l’offensive du Hamas ?
En théorie, ce système est en mesure d’annihiler entre 96 et 97% des tirs extérieurs. En 2012, l’armée israélienne avançait un taux d’efficacité de l’ordre de 85 %. Aucune autre annonce sur ce sujet n’a été faite depuis. Dans les faits, l’offensive du Hamas ce week-end a démontré que le Dôme de fer peut saturer face à l’afflux de missiles. Comme tout système antiaérien, plus il reçoit de projectiles simultanément, plus il risque d’en laisser passer. En 2021 déjà, le groupe envoyait des salves d’une centaine de roquettes par minute afin de déstabiliser le système. Ce week-end, plus de 5 000 tirs de roquettes, ont été recensés entre le 7 et le 8 octobre d’après les Brigades Al-Qassam (la branche armée du Hamas), selon la même logique. Ce qui explique pourquoi de nombreux missiles ont échappé à la défense israélienne.
Autre inconvénient du Dôme : il n’est pas en capacité de venir à bout des missiles circulant sous les radars à basse altitude ou des ballons incendiaires. Ces dernières années, il a toutefois permis à Tsahal de multiplier les interceptions de certains drones.
Combien ça coûte ?
Les coûts de développement globaux de ce système high-tech sont tus par l’armée israélienne, mais les Etats-Unis auraient déjà injecté plus de 200 millions d’euros dedans. Tout au plus sait-on que chaque tir de batterie coûte aux alentours de 50 000 dollars (environ 47 000 euros), s’accordent à dire les experts militaires. Une batterie complète coûte entre 37 et 50 millions de dollars. Aujourd’hui, Israël a déployé une dizaine de batteries mobiles sur un objectif affiché de 15. Acté en 2005, l’instauration du Dôme avait été retardé en raison du coût et de la formation du personnel. Lorsqu’on les compare à la centaine de dollars nécessaires pour fabriquer une roquette côté Gaza, cela fait cher la défense. L’une des grandes interrogations concerne justement l’état du stock de munitions dont dispose le Hamas. Le groupe a entreposé pendant des mois tout un tas de munitions, quitte à parfois bricoler des projectiles low-cost. Certaines roquettes artisanales sont bricolées parfois à l’aide de tuyaux de canalisation.
Une version navale du dôme
Fin 2022, les autorités israéliennes ont achevé une ultime étape de tests avant le déploiement d’une version navale du dôme baptisée «C-Dome». L’objectif est d’étendre le quadrillage du ciel, et d’assurer la protection de la zone économique exclusive du pays en Méditerranée. Le système fonctionne exactement comme son jumeau terrestre, les batteries étant cette fois disséminées sur plusieurs corvettes (petits navires de guerre) qui patrouillent en mer Méditerranée.
Bientôt un «rayon de fer» ?
Pour s’éviter ces dépenses pharaoniques en missiles, l’armée israélienne planche actuellement sur un programme anti-défense encore plus ambitieux : un bouclier agissant par rayon laser. «On dirait de la science-fiction mais c’est parfaitement réel», a twitté l’ex-premier ministre Naftali Bennett à l’annonce des premiers tests réussis à la mi-avril.
Prime Minister Naftali Bennett on the successful completion of tests on the “Iron Beam” laser air defense system:
— Prime Minister of Israel (@IsraeliPM) April 14, 2022
“We have successfully completed a series of tests on our new 'Iron Beam' laser air defense system. This may sound like science-fiction, but it’s real. pic.twitter.com/2qyuCJPIrR
Ce nouveau système baptisé «rayon de fer» serait capable d’intercepter drones, roquettes de tous types, et obus de mortier. Surtout, un tir de laser ne coûte quasiment rien, autour de 3 euros. L’armée israélienne n’a pas communiqué depuis sur les avancées de ce programme.