Jamais, depuis la création du Comité de protection des journalistes (CPJ) en 1981, l’ONG n’avait documenté un conflit aussi meurtrier pour les journalistes. Alors ce jeudi 29 février, à l’appel de cette instance, plus de 30 des plus grands médias internationaux, parmi lesquels BBC News, le New York Times, Der Spiegel ou Haaretz, ont lancé un appel commun à protéger ceux qui tentent de documenter de l’intérieur l’offensive israélienne sur Gaza.
Au moins 94 journalistes ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, dont la majorité, 89, sont des «Palestiniens tués par l’armée israélienne», assure le CPJ, ce qui en fait le conflit le plus mortel «jamais documenté» par l’organisation.
Reportage
«Depuis près de cinq mois, les journalistes et les professionnels des médias de Gaza - qui sont quasiment la seule source d’information sur le terrain sur le territoire palestinien - travaillent dans des conditions sans précédent» et «continuent de travailler en dépit des risques personnels qu’ils encourent», peut-on lire dans la lettre ouverte signée par les médias.
«Malgré la perte de leur famille, de leurs amis et de leurs collègues, la destruction de leurs maisons et de leurs bureaux, les déplacements constants, les coupures de communication et les pénuries de nourriture et de carburant», ils continuent de faire leur travail, ajoute le texte, paraphé par les trois principales agences de presse mondiales, Associated Press (AP), l’Agence France-Presse (AFP) et Reuters, ainsi que l’Association mondiale des journaux (WAN-IFRA).
«Les responsables de toute violation» devront «rendre des comptes»
«Les journalistes sont des civils et les autorités israéliennes doivent les protéger en tant que non-combattants, conformément au droit international», continuent les signataires, qui martèlent que «les responsables de toute violation» devront «rendre des comptes». Avant le début de la guerre, l’AFP disposait par exemple d’un bureau de dix personnes dans la ville de Gaza. Tous ses membres ont été évacués vers le sud de la bande de Gaza début octobre, quand Israël a donné l’ordre aux résidents de partir. Certains s’y trouvent toujours dans des conditions très précaires.
Depuis le début du conflit, les accès à la bande de Gaza octroyés aux journalistes qui n’y vivent pas par les autorités israéliennes sont par ailleurs très rares. Seule une poignée de reportages de journalistes escortés par Tsahal sont autorisés au compte-gouttes. Mercredi, une cinquantaine de correspondants et présentateurs travaillant pour des télévisions britanniques et américaines avaient ainsi dénoncé dans une lettre ouverte l’interdiction qui leur est faite de se rendre dans l’enclave.