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Décisif

Guerre Israël-Hamas : en Egypte, des négociations cruciales pour un espoir fragile de paix

A partir de ce lundi, Israéliens et représentants du Hamas négocieront sur la première phase du plan de paix de Trump, portant sur un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages contre des prisonniers palestiniens.

Lors d’un rassemblement à Tel-Aviv samedi appelant à la libération des otages israéliens retenus à Gaza. (Rei Ash/Reuters)
Publié le 05/10/2025 à 21h27

Les petites et grandes phrases ont constellé le week-end. Les mots d’espoir, ceux prudents voire menaçants. Mais le temps des déclarations d’intention a pris fin. Ce lundi, à la veille de la date d’anniversaire des deux ans de l’attaque terroriste du Hamas en Israël, qui a entraîné des représailles d’une ampleur inimaginable à Gaza, celui des actes concrets est venu.

Une semaine après la présentation en grande pompe à Washington du plan de paix pour Gaza en 20 points, désormais simplement baptisé «plan Trump», et trois jours après la réponse globalement positive du Hamas, les deux protagonistes de cette guerre dévastatrice se retrouvent en Egypte, dans le même lieu, même s’ils ne dialogueront pas en direct. Les médiateurs qataris ou égyptiens se déplaceront entre chaque délégation pour transmettre les propositions, ajustements ou précisions qui ne manqueront pas de s’imposer. Au milieu de ces échanges, en chefs d’orchestre du récent coup de théâtre de cette guerre, on trouvera les Américains Steve Witkoff, conseiller spécial de Donald Trump, et Jared Kushner, gendre du Président.

Organiser rapidement les échanges

Les négociations qui démarrent ce lundi doivent initialement se focaliser sur un seul objectif : la libération de tous les otages israéliens, vivants ou morts, en échange de la libération de prisonniers palestiniens. Selon Israël, environ 20 otages sont encore en vie à Gaza et entre 25 et 28 dépouilles sont enterrées dans l’enclave. Le plan de paix prévoit en échange la libération de 250 prisonniers palestiniens condamnés à la perpétuité et 1 700 Gazaouis arrêtés après le massacre du 7 octobre 2023.

De la réussite de cette première phase dépend sans doute la poursuite des négociations sur le reste du plan, qui compte 20 points. Il prévoit notamment la création d’un gouvernement provisoire de technocrates palestiniens supervisés par des personnalités internationales, une force de maintien de la sécurité constituée par des pays étrangers ainsi que le désarmement complet du Hamas, sans oublier un retrait de l’armée israélienne. Mais ces discussions viendront après.

Pour l’heure, il s’agit, techniquement, d’organiser rapidement l’échange otages-prisonniers. Donald Trump avait exigé soixante-douze heures entre l’accord et le retour des otages en Israël. Mais Israéliens et officiels du Hamas estiment que ce délai pourrait s’avérer trop court. Les otages vivants ne sont pas tous retenus au même endroit ni même par seulement le Hamas. Certains sont aux mains du Jihad islamique, voire d’autres factions, même si tous se sont rangés derrière le Hamas. Certains otages sont dans des appartements, d’autres dans des tunnels profondément enfoncés sous terre. Quant aux morts en captivité, il faut localiser et déterrer leurs dépouilles. Nouveau signe de bonne volonté sans doute, le Hamas a indiqué dimanche soir avoir commencé à récupérer les corps des otages morts en captivité et a demandé à Israël de cesser complètement les bombardements pour leur permettre de poursuivre cette tâche.

Listes précises de prisonniers

Selon des sources du Hamas à la chaîne saoudienne Al-Sharq, le mouvement devrait demander pendant toute la durée des négociations, qui pourraient se poursuivre jusqu’à la fin de la semaine, l’arrêt des opérations militaires israéliennes, le retrait des troupes de Tsahal des positions occupées lors des dernières libérations d’otages en janvier, la suspension des activités aériennes, drones compris, dix heures par jour et douze heures les jours d’échange de prisonniers. Pour la libération des prisonniers palestiniens, des listes précises seront élaborées, selon des critères en fonction de la séniorité et l’âge, et de la date des arrestations.

Les risques d’un échec sont énormes. Pourtant, pour la première fois depuis longtemps, l’espoir de mettre fin à la guerre semble tangible.