Hadas Kalderon, 56 ans, prévient : il va falloir suivre le rythme, ses mots qui se bousculent. Et il va falloir endurer sa peine infinie, indicible. Elle porte un simple haut noir : c’est le seul deuil qu’elle s’autorise. Entre ses longs cheveux bruns bouclés, sa bouche esquisse parfois un semblant de sourire, qui n’atteint jamais ses yeux. «Je suis devenue un robot.» Le 7 octobre, cette Franco-israélienne était chez elle, dans le kibboutz Nir Oz. Comme son ex-mari et ses quatre enfants. Comme sa mère et sa nièce. Tous dans des maisons différentes. Deux sont morts et trois sont otages du Hamas à Gaza. Depuis, Hadas navigue entre la vie et la mort, lutte pour la première et rejette la seconde.
Ce jour-là, elle est seule chez elle. Erez, 12 ans, et Shar, 16 ans, sont chez leur père, Ofer, qui vit dans une autre maison du kibboutz. Gaia et Rotem, ses aînés, ont aussi leur petit cocon. Et sa mère Carmela accueille chez elle sa petite-nièce autiste, Noya. Vers 6 h 30, une sirène les pousse chacun dans leur abri bétonné. Hadas est seule dans le sien. «En plus de vingt ans à Nir Oz, j’ai entendu des bombardements, mais rar