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Proche-Orient

Hôpital à Gaza : Israël affirme avoir des «preuves» de la responsabilité du Jihad islamique

Alors que Tsahal est accusé par le Hamas d’être à l’origine de la frappe qui a fait plus de 200 morts la veille, l’armée israélienne se défend ce mercredi 18 octobre en publiant des images et extraits sonores prouvant, selon elle, son innocence.
Après l'explosion qui frappé l’hôpital Al-Ahli Arabi, mardi 17 octobre, à Gaza. (Mahmud Hams/AFP)
par Nicolas Rouger, correspondant à Tel-Aviv
publié le 18 octobre 2023 à 10h46

Après la déflagration et l’émotion à travers le monde, Israël a de nouveau communiqué sa version des faits concernant l’explosion de l’hôpital Al-Ahli Arabi mardi 17 octobre. Lors d’une conférence de presse ce mercredi matin, le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a affirmé que le Jihad islamique a tiré une roquette depuis un cimetière derrière l’hôpital qui est tombée sur le parking de l’établissement et c’est le fioul de la roquette ainsi que la foule présente à ce moment-là sur le parking qui ont entraîné un bilan humain aussi lourd (au moins 200 victimes). Pour Tsahal, l’absence de cratère et de dommages structurels montre qu’il ne s’agit pas d’une frappe israélienne. Et de dérouler les preuves : images satellites, radars, mais aussi une conversation interceptée entre deux membres du Hamas.

Mardi soir, le mouvement terroriste islamiste a très rapidement accusé Israël d’être à l’origine de la frappe, provoquant des condamnations en série contre l’Etat hébreu et des manifestations dans le monde musulman, notamment devant les ambassades israéliennes et françaises. «Malheureusement, les médias ont décidé de suivre les mensonges du Hamas plutôt que de vérifier avec des sources crédibles de Tsahal», déplore le contre-amiral Daniel Hagari. «Nous sommes au milieu d’une guerre de l’information, c’est une guerre très dure, poursuit-il. Le Hamas se bat avec des médias et des épées. Nous devons nous battre contre cette guerre de l’information avec des preuves concrètes. Nous devons rester moraux, en accord avec le droit international, ou nous ne serons plus un pays démocratique et libéral.»

«Plus de cinq heures pour tout vérifier et revérifier»

Dans la salle, des journalistes l’ont bousculé sur la crédibilité de l’armée israélienne, notamment depuis la mort de la journaliste d’Al-Jezira Shireen Abu Akleh, tuée en 2022 lors d’une opération israélienne. Le Premier ministre israélien de cette époque, Naftali Bennett, avait dans un premier temps déclaré que la journaliste avait «probablement» été tuée par des tirs palestiniens et non israéliens. Mais quelques mois plus tard, Israël avait reconnu qu’il y avait «une forte probabilité» pour que ce soit l’Etat hébreu le responsable de sa mort. «Nous avons retenu la leçon, nous avons décidé de ne pas parler trop vite, comme c’était le cas pour la mort de Shireen Abu Akleh, s’est défendu Daniel Hagari. Nous avons pris plus de cinq heures pour tout vérifier et revérifier.» Il dit partager toutes ses informations avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays.

Hagari en a aussi profité pour dénoncer des exactions du Hamas, qu’il accuse notamment de détourner dons caritatifs et carburants. Et d’assener : «Nous ne pouvons pas vivre à côté d’une entité qui kidnappe des bébés et des vieilles personnes.» Avant de conclure : «Nous espérons que les pays arabes prennent le temps d’examiner les preuves que nous avançons. Je comprends leur réaction émotionnelle, d’empathie, qui les a poussés à faire des déclarations hier.»