Trois jours après le début du raid israélien sur l’hôpital Al-Shifa, des centaines de personnes ont quitté ce samedi 18 novembre le plus grand établissement de santé de Gaza, selon un journaliste de l’AFP présent sur place. L’origine de ce départ, alors que 2 300 patients, soignants et déplacés se trouvaient dans cet établissement, reste encore floue.
Analyse
Dans la matinée, les soldats de Tsahal auraient lancé l’ordre d’évacuation «sous une heure» du plus grand établissement de santé de la bande de Gaza, via un discours en arabe donné dans un haut-parleur, a rapporté le journaliste de l’AFP présent sur place. L’armée israélienne aurait également appelé le directeur de l’hôpital Mohammed Abou Salmiya pour lui réclamer «l’évacuation des patients, des blessés, des déplacés et des soignants et que tous se rendent à pied vers la corniche» côtière qui borde l’hôpital, à l’ouest de la ville de Gaza, sous une heure, a rapporté ce médecin-chef à l’AFP.
Mais dans un communiqué, l’armée israélienne a ensuite démenti avoir ordonné cette évacuation, affirmant avoir accédé à «la demande du directeur de l’hôpital pour étendre et assister l’effort d’évacuation», ainsi que de le «faciliter» par «voie sécurisée».
Le ministère de la Santé du Hamas, dont les affirmations ne peuvent être vérifiées, a précisé que «120 blessés» et des bébés prématurés n’avaient pu être évacués. Des médecins sont restés dans Al-Shifa pour prendre soin de ces patients, ont précisé des responsables de l’établissement à l’AFP, sans donner le nombre exact des bébés encore dans l’enceinte. «Nous sommes en contact avec la Croix-Rouge à leur sujet», a déclaré le ministère de la Santé du Hamas, sans plus de détail.
«De nombreux patients ne peuvent pas quitter l’hôpital car ils sont en soins intensifs ou dans des incubateurs», a expliqué sur X le Dr Ahmed el-Mokhallalati, qui va rester «avec cinq autres médecins (et) 120 patients».
Les colonnes de déplacés, de médecins, de malades et de blessés, certains amputés, certains très faibles, marchaient ce samedi en direction de la route Salaheddine qui mène vers le sud de la bande de Gaza. C’est dans cette zone que l’armée israélienne veut relocaliser les 1,1 million d’habitants du nord du petit territoire palestinien, où se concentrent jusqu’à présent les combats au sol contre le Hamas. Elle a donc ouvert dans la matinée un corridor menant vers la route Salaheddine.
Checknews
Aucune ambulance n’a été utilisée dans cette évacuation, a encore rapporté le journaliste. Depuis des jours, les hôpitaux de la bande de Gaza disent ne plus avoir assez de carburant. Après des frappes et des tirs sur des ambulances, notamment aux portes d’Al-Shifa, leurs conducteurs disent ne plus pouvoir opérer.
Autour de l’hôpital, le plus grand de la bande de Gaza, des chars israéliens, des transports de troupes et des blindés restent en faction, tandis que des drones israéliens survolaient la zone. Ces derniers jours, au cours de leur raid sur l’hôpital, des soldats israéliens ont détruit à l’explosif plusieurs services, notamment le rez-de-chaussée du département de chirurgie.
Israël assure que le Hamas au pouvoir à Gaza se sert de cet établissement comme base militaire, ce que le mouvement islamiste dément.
Mise à jour : à 12 h 12, avec l’ajout de la déclaration du Dr Ahmed el-Mokhallalati.