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Libération
Reportage

«Ils sont venus avec leurs bulldozers et m’ont chassé» : en Turquie, le mégaprojet contesté du Kanal Istanbul renaît de ses cendres

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Après des années d’arrêt, ce chantier gigantesque voulu par le président Recep Tayyip Erdogan a été relancé. Si les investisseurs se frottent les mains, les militants écologistes craignent pour l’écosystème de la mégapole turque.

Aux abord du «Kanal Istanbul»le 2 octobre. (Ozan Kose /AFP)
ParKillian Cogan
correspondant à Istanbul
Publié le 23/10/2025 à 6h54

A Sazlibosna, dans la périphérie ouest d’Istanbul, les tracteurs et les herses qui trônent dans les cours des petites maisons vétustes rappellent que ce hameau a longtemps vécu de l’agriculture. Dans ce village, fondé en 1862 par des Tatars fuyant la guerre de Crimée, on a longtemps cultivé sur les terres environnantes le tournesol, l’orge, l’avoine et le blé, et élevé des chèvres et des moutons. Aujourd’hui, toutefois, les champs et les pâturages ont laissé place à une forêt de grues et de carcasses d’immeubles qui s’étalent à l’infini. Ces chantiers, qui tournent à plein régime, pourraient bientôt engloutir Sazlibosna et ses 1 300 habitants.

Si ce village semble en sursis, c’est parce qu’il figure sur le tracé du «Kanal Istanbul», projet titanesque présenté en 2011 par Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, et qui prévoit de creuser un canal artificiel de 45 kilomètres parallèle au détroit du Bosphore, qui relie la mer Noire à la mer de Marmara.

D’un coût estimé à 11 milliards d’euros, le projet est vanté par Ankara comme un moyen d’alléger le trafic maritime sur le Bosphore, et surtout de