Sur la vidéo, elle apparaît de dos. Habillée d’un tee-shirt noir et tête nue, la jeune femme noue ses cheveux avec une détermination qui traduit une certaine impatience. La scène se passe la semaine dernière à Karadj, une ville-dortoir de la banlieue ouest de Téhéran, alors que se déroule tout autour l’une des nombreuses manifestations déclenchées par la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans originaire de la province du Kurdistan. Selon plusieurs journalistes en exil, la jeune femme au chignon a été tuée par balles. Hadis Najafi – c’était son nom – avait 20 ans.
Témoignages
Le nombre exact des victimes de la répression est encore inconnu, mais il est déjà élevé après presque dix jours d’une contestation qui semble gagner en intensité. Initialement parties du Kurdistan et de la capitale, les manifestations ont été signalées dans presque toutes les provinces, même dans les villes conservatrices, comme Kerman, ou celles abritant des centres religieux comme Mashhad et de Qom, qui s’apparentent à des Vatican du chiisme, la religion d’Etat et majoritaire en Iran. La colère face à une énième violence policière, elle-même liée à l’imposition de plus en plus stricte du port du voile, s’est rapidement transformée en un mouvement de rejet radical du régime théocratique, avec une énergie conquérante.
«A balles réelles»
Un slogan courant dans les manifestations («n’ayons pas peur, nous sommes ensemble !») a ainsi été revisité pour devenir «ayez peur, nous sommes ensemble !»<