C’est long deux heures de retard, surtout quand on attend depuis trente ans. Ce 9 novembre 2019, une porte de l’Airbus A330 de la compagnie Iran Air refuse de se fermer. A 10h07, il décolle finalement du tarmac de l’aéroport Imam Khomeiny, au sud de Téhéran. Après être monté à bord, l’un des passagers a, comme d’autres sans doute, envoyé un selfie à sa famille. L’homme de 58 ans ignore qu’à des milliers de kilomètres de là des yeux fatigués suivent en temps réel son trajet sur des sites spécialisés. Ils ne le lâcheront pas pendant les cinq heures et une minute du vol. Jusqu’à ce que l’avion se pose à Stockholm. Le quasi sexagénaire débarque, et s’accorde un nouveau selfie pour fêter son arrivée sur le sol suédois. Il ne sortira pas de l’aéroport comme prévu pour passer du bon temps sur les îles scandinaves. Hamid Noury, né à Téhéran le 29 avril 1961 d’après son passeport iranien, est arrêté.
La justice suédoise le soupçonne de «crime aggravé, de crime contre le droit international et de meurtre». Une plainte, déposée quelques jours plus tôt, visait son rôle dans les massacres de prisonniers politiques de 1988. Cette année-là, au cœur de l’été, plusieurs milliers de militants ont été exécutés dans les prisons iraniennes (le nombre exact demeure inconnu), Noury était l’un des chefs d’une des prisons où la r