Ce sera la première rencontre entre des officiels occidentaux et iraniens depuis le début des frappes israéliennes le 13 juin. Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, doivent discuter vendredi à Genève avec leur homologue iranien, Abbas Araghtchi. Ils entendent obtenir «un retour en arrière durable du programme nucléaire et du programme balistique iranien», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il y a, selon lui, une «volonté de reprendre les discussions (côté iranien) y compris avec les Etats-Unis, à condition qu’un cessez-le-feu puisse intervenir».
Il y a, aussi, urgence. La position du président américain, Donald Trump, est aussi menaçante qu’illisible. Il ne cesse d’alterner entre la possibilité de soutenir militairement l’offensive israélienne, y compris en bombardant les installations nucléaires de Fordo, et celle d’accepter de négocier avec l’Iran. «Je le ferai peut-être. Je ne le ferai peut-être pas. Enfin, personne ne sait ce que je vais faire», a-t-il déclaré mercredi. Il réclame par ailleurs «la capitulation totale» de l’Iran.
Les précédents de l’Irak, de la Libye…
Israël continue de son côté ses bombardements. Mais après avoir assuré que son objectif était la destruction du programme nucléaire, le ministre de la Défense, Israël Katz, a déclaré jeudi que le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, «ne pouvait être autorisé à continuer d’exister». Un hôpital de Beersheva, dans le sud d’Israël avait été touché quelques heures plus tôt par une frappe iranienne qui a blessé environ 40 personnes, la plupart légèrement. «La plus grande des erreurs aujourd’hui, c’est de chercher par la voie militaire à faire un changement de régime en Iran, parce que ce sera là le chaos», avait déclaré mardi Emmanuel Macron lors d’un sommet du G7. Est-ce que quelqu’un pense que ce qui a été fait en 2003 en Irak, […] ce qui a été fait en Libye la décennie précédente, était une bonne idée ? Non !»
Que peuvent les pays européens pour l’empêcher ? En réalité, pas grand-chose, tant l’évolution de la guerre est conditionnée à la décision de Trump. Ils peuvent tout de même tenter de convaincre les responsables iraniens d’abandonner la posture qu’ils avaient affichée durant les négociations entamées depuis le 22 avril avec les Etats-Unis.
Les taux d’enrichissement en question
Après cinq sessions de discussions, elles ont achoppé sur l’exigence américaine de l’arrêt de tout enrichissement, ce que refusait Téhéran. Les responsables iraniens espéraient à la fois gagner du temps, convaincus, à tort, que le cycle de négociations les protégerait d’une éventuelle attaque israélienne, et qu’ils pourraient revenir à un accord du type de celui dit de Vienne, ou JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action), signé en 2015. En échange d’une levée des sanctions, ils s’étaient engagés à ne pas enrichir d’uranium au-delà de 3,67 % et à limiter leur stock à 300 kilos.
Après la dénonciation de l’accord par les Etats-Unis en 2018, lors du premier mandat de Donald Trump, l’Iran a poursuivi les discussions avec notamment la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, avant de progressivement entraver les contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique, et de relancer son programme d’enrichissement.