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Election

Iran : l’ultraconservateur Raïssi remporte la présidentielle

Favori du scrutin, Ebrahim Raïssi a été élu au premier tour du scrutin organisé vendredi, avec 61,95 % selon les résultats officiels publiés samedi. La participation a été historiquement basse.
Le religieux ultraconservateur Ebrahim Raïssi participait à un rassemblement électoral, le 6 juin dernier, à Eslamshahr, une ville de la province de Téhéran. ( Photo/AFP)
publié le 19 juin 2021 à 10h35
(mis à jour le 19 juin 2021 à 15h39)

Le religieux ultraconservateur a remporté la présidentielle iranienne de vendredi au premier tour avec 61,95 % des voix, selon les résultats officiels publiés ce samedi 19 juin dans l’après-midi. Chef de l’Autorité judiciaire, Ebrahim Raïssi, 60 ans, faisait figure d’archifavori, faute de concurrence réelle après la disqualification de ses principaux adversaires.

La campagne électorale a été fade, sur fond de ras-le-bol général face à la crise. Le pays riche en hydrocarbures est toujours soumis à des sanctions américaines. Se présentant comme le champion de la lutte anticorruption et le défenseur des classes populaires au pouvoir d’achat miné par l’inflation, Ebrahim Raïssi est le seul des quatre candidats à avoir véritablement fait campagne.

Abstention record

Le taux de participation s’est établi à 48,8 %, a précisé le ministre de l’Intérieur, Abdolfazl Rahmani Fazli, soit la plus faible mobilisation enregistrée pour un scrutin présidentiel depuis l’instauration de la République islamique en 1979. Les sondages la prédisaient d’ailleurs extrêmement basse à quelques jours du scrutin. A Téhéran, il n’est pas compliqué de trouver des abstentionnistes accusant le gouvernement de n’avoir «rien fait» pour le pays ou ne voyant pas l’intérêt de participer à une élection courue d’avance, voire selon eux «organisée» pour permettre à Ebrahim Raïssi de gagner. Le pouvoir religieux a disqualifié de nombreux candidats à l’élection laissant ainsi le champ libre à l’ultraconservateur.

Des représentants de l’opposition en exil ont salué cette abstention historique comme un coup porté au système théocratique du pays. La dirigeante du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), Mariam Radjavi, a déclaré que le «boycottage national» était le «plus grand coup politique et social» porté au système dirigé par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Selon les chiffres partiels, le général de division Mohsen Rezaï, ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, terminerait deuxième avec plus de 11,5% des voix. Il est suivi par l’ancien président de la Banque centrale Abdolnasser Hemmati (8,3%) et le député Amirhossein Ghazizadeh-Hachémi (3,4%). Selon ce décompte, il y aurait plus de 14% de votes blancs ou nuls.

Réélu en 2017 au premier tour face à Ebrahim Raïssi, le président Hassan Rohani, un modéré qui quittera le pouvoir en août, finit son second mandat à un niveau d’impopularité rarement atteint. Son bilan est entaché par l’échec de sa politique d’ouverture après le retrait des Etats-Unis, en 2018, de l’accord sur le nucléaire iranien conclu avec les grandes puissances. «Je félicite le peuple pour son choix […] On sait qui a eu suffisamment de voix lors de cette élection et qui est élu aujourd’hui par le peuple», a-t-il déclaré dans un discours télévisé, sans donner le nom de son successeur.