C’est une énième tentative du gouvernement iranien afin de réduire au silence la Prix Nobel de la paix Narges Mohammadi. La militante et journaliste de 52 ans vient d’être condamnée cette fois à un an de prison pour «propagande contre l’Etat». D’après son avocat, Mostafa Nili, sa cliente a été jugée pour ses propos tenus dans un message audio, il y a quelques mois, depuis la prison où elle est incarcérée depuis 2021. Elle y incitait à boycotter les élections législatives tenues en mars dernier.
A lire aussi...
La défenseuse des droits humains y dénonçait aussi une «guerre à grande échelle contre les femmes» dans la République islamique. Narges Mohammadi avait cité le cas de Dina Ghalibaf, qui, selon des ONG, a été arrêtée en avril après avoir accusé sur les réseaux sociaux la police de l’avoir agressée sexuellement lors d’une précédente arrestation dans le métro. Cette journaliste et étudiante iranienne avait été ensuite libérée. Le représentant de la justice, Mizan Online, a affirmé le 22 avril que la jeune femme «n’avait pas été violée» et que l’Autorité judiciaire l’avait poursuivi pour avoir fait «une déclaration mensongère».
Militante des droits humains depuis vingt-cinq ans
Depuis vingt-cinq ans, Narges Mohammadi se bat sans relâche pour défendre les droits des femmes, en militant surtout contre l’obligation de porter le voile, imposée depuis l’instauration de la Révolution islamique en 1979. L’Iranienne est aussi très engagée contre la peine de mort. La journaliste a été maintes fois condamnée et emprisonnée pour son activisme. Même en prison, Narges Mohammadi trouve le courage de continuer à dénoncer des injustices : en avril, elle avait accusé les forces de sécurité iraniennes d’agressions sexuelles sur des détenues.
D’autres personnes, dont des étrangers, ont récemment été condamnées, comme Narges Mohammadi, pour «propagande» contre le pouvoir. C’est le cas de l’otage français Louis Arnaud, libéré la semaine dernière après deux ans de détention en Iran. Il avait été arrêté en raison d’accusations sur sa participation aux manifestations après la mort de Mahsa Amini. Cette jeune Iranienne de 22 ans, interpellée après avoir été accusée d’avoir mal mis son voile, est décédée en détention. Sa mort avait provoqué de grands rassemblements de contestation dans la rue, violemment réprimés par le gouvernement.
Shervin Hajipour, l’auteur de la chanson «baraye», l’hymne du mouvement «femme, vie, liberté» en Iran, a lui aussi écopé d’une peine de trois ans de prison en mars dernier pour «propagande» contre le pouvoir. Narges Mohammadi était devenue l’un des principaux visages de cette lutte féministe en Iran.
Cette nouvelle condamnation à l’encontre de la militante est prononcée ce mardi alors que l’élection présidentielle anticipée aura lieu dans dix jours en Iran, le 28 juin. Six candidats ont été autorisés à se présenter, cinq conservateurs et un réformiste. La liste ne comprend, sans surprise, aucune femme.