La colère ne faiblit pas en Iran, depuis la mort de Mahsa Amini, 22 ans, le 16 septembre, survenue trois jours après son arrestation par la police des mœurs au prétexte qu’elle ne portait pas correctement son voile. Plus d’une semaine après, les mobilisations se poursuivent dans le pays. Alors que l’ONG Iran Human Rights a indiqué vendredi qu’au moins 50 personnes avaient été tuées au cours des manifestations réprimées par les forces de sécurité, la télévision d’Etat a revu ce samedi ce bilan à la baisse, le fixant à 35 morts.
Selon Iran Human Rights, organisation d’opposition basé à Oslo, six personnes ont été tuées par arme à feu par les forces de l’ordre dans la ville de Rezvanshahr, dans la province septentrionale de Gilan jeudi soir, et d’autres morts ont été enregistrés à Babol et Amol (nord). Des manifestations ont eu lieu dans environ 80 villes depuis une semaine, a ajouté l’ONG. Jeudi, la télévision d’Etat avait fait état de la mort de 17 personnes lors de ces manifestations. Mais les autorités démentent toute implication dans ces violences.
Analyse
Mahsa Amini, âgée 22 ans, a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour «port de vêtements inappropriés» par la police chargée de faire respecter le strict code vestimentaire de la République islamique. Elle est décédée trois jours plus tard à l’hôpital. La police a reconnu l’avoir détenue mais soutient qu’il «n’y a pas eu de contact physique» et qu’elle a «soudainement souffert d’un problème cardiaque» ce qui a entraîné «immédiatement» son transport à l’hôpital.
Vendredi soir, le ministre de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, a de nouveau affirmé que Mahsa Amini n’avait pas été battue par les forces de l’ordre. «Des rapports des organes de surveillance ont été reçus, des témoins ont été interrogés, des vidéos ont été examinées, des avis médico-légaux ont été obtenus et il a été constaté qu’il n’y avait pas eu de coups» assénés à la jeune femme, a indiqué à la télévision Ahmad Vahidi, cité par les médias locaux.
Selon lui, le gouvernement iranien enquête «sur la cause de la mort de Mahsa Amini (mais) il faut attendre l’avis définitif du médecin légiste, ce qui prend du temps». Ahmad Vahidi a en outre critiqué «ceux qui ont pris des positions irresponsables, […] et incité à la violence», les accusant de «suivre les Etats-Unis, les pays européens et les groupes anti-révolutionnaires».