Menu
Libération
Point du jour

Israël accusé «d’extermination», réponse du Hamas au plan de cessez-le-feu, messages de Yahya Sinouar dans le Wall Street Journal… L’actu du conflit au Proche-Orient ce 12 juin

Guerre au Proche-Orientdossier
L’essentiel des informations sur la guerre entre le Hamas et Israël ce mercredi 12 juin.
Des Palestiniens marchent dans une rue étroite devant des bâtiments détruits à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juin 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le Hamas. (Eyad Baba /AFP)
publié le 12 juin 2024 à 11h39
(mis à jour le 12 juin 2024 à 14h35)

Israël accusé «d’extermination» par une commission d’enquête de l’ONU

Israël a commis des crimes contre l’humanité à Gaza, estime une commission d’enquête de l’ONU, qui accuse aussi les autorités israéliennes et les groupes armés palestiniens de crimes de guerre depuis le 7 octobre. Cette commission, créée en mai 2021 par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies - après la guerre de onze jours que s’étaient livrés Israël et le Hamas -, a pour mandat d’enquêter dans les territoires palestiniens occupés et en Israël sur les violations présumées des droits de l’homme commises depuis cette année-là. Ses conclusions ont été rendues publiques mercredi 12 juin.

«Les crimes contre l’humanité d’extermination, de meurtre, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de transfert forcé, d’actes de torture et de traitements inhumains et cruels, ont été commis» par Israël, estiment les enquêteurs onusiens. Le rapport souligne aussi que les déclarations de responsables israéliens – «y compris celles reflétant la politique consistant à infliger des destructions généralisées et à tuer un grand nombre de civils» - peuvent constituer une incitation au génocide. L’ambassade d’Israël à Genève a immédiatement accusé la commission de «discrimination systématique» à son encontre. La commission accuse également le Hamas d’avoir commis des crimes de guerre le 7 octobre. Les enquêteurs ont identifié des «violences sexuelles» ayant en particulier visé des femmes israéliennes, et conclu qu’il ne s’agissait pas d’incidents isolés.

Le Hamas demande des amendements au plan de cessez-le-feu

Le Hamas a transmis mardi sa réponse officielle au plan de cessez-le-feu présenté il y a dix jours par le président Joe Biden. Le contenu de cette réponse, tenu secret, donne lieu ce mercredi à des interprétations divergentes. Des médias israéliens et le site américain Axios affirment que le mouvement palestinien rejette la proposition américaine. Un dirigeant du Hamas, Izzat al-Rishq, a réagi dans un communiqué en affirmant au contraire que la réponse était à la fois «responsable, sérieuse et positive» et qu’elle «ouvrait la voie à un accord».

Les Etats-Unis ont simplement indiqué qu’ils «examinaient» cette réponse. Elle contiendrait des «amendements» à la proposition annoncée par Joe Biden, «notamment un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de la bande de Gaza», a indiqué «une source au fait des discussions» à l’Agence France Presse. Le plan américain, adopté lundi par le Conseil de sécurité de l’ONU, prévoit, dans une première phase un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Des messages du chef du Hamas dans le «Wall Street Journal»

Le Wall Street Journal a eu accès à des dizaines de messages envoyés par le chef du Hamas, Yahya Sinouar, aux émissaires du mouvement palestinien qui participent aux négociations de cessez-le-feu. Dans cette correspondance, dont le journal américain révèle quelques bribes, le planificateur du massacre du 7 octobre semble surpris des atrocités commises ce jour-là. «Les choses sont devenues hors de contrôle, aurait-il écrit. Des gens ont été pris là-dedans et ça n’aurait jamais dû arriver.» Dans ses échanges, le numéro 1 du Hamas se montre en revanche satisfait de la tournure prise par la guerre à Gaza. «Nous avons les Israéliens exactement là où nous voulons qu’ils soient», explique-t-il aux négociateurs. «Il y a des sacrifices nécessaires», insiste-t-il. L’ensemble de ses messages «montre un froid mépris pour la vie humaine» et rend très clair «qu’il pense qu’Israël à plus à perdre de cette guerre que le Hamas», écrit le Wall Street Journal.

L’armée israélienne poursuit ses bombardements à Gaza

Des frappes israéliennes continuent de viser, ce mercredi, différents secteurs de la bande de Gaza, après des bombardements meurtriers mardi dans le centre du territoire où l’armée israélienne dit avoir «achevé une opération» dans l’est de Deir al-Balah et l’est d’al-Boureij. Au moins 38 personnes ont été tuées ces dernières vingt-quatre heures, précise un communiqué du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, contrôlé par le Hamas, qui a annoncé un nouveau bilan de 37 202 morts depuis le début de la guerre, il y a plus de huit mois.

La veille, en Cisjordanie occupée, le ministère local de la Santé et le Croissant-Rouge palestinien ont annoncé que six Palestiniens avaient été tués mardi lors d’un raid de l’armée israélienne dans un village situé près de la ville de Jénine, un bastion des factions palestiniennes. Le Hamas a d’ailleurs dit «pleurer» les «martyrs» de Jénine.

Au Liban, un cadre militaire du Hezbollah tué dans une frappe israélienne

Alors que les échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah se sont intensifiés ces derniers jours, un important commandant militaire du mouvement libanais, Taleb Sami Abdallah, a été tué mardi soir dans une frappe israélienne dans le sud du Liban. La frappe a eu lieu dans la ville de Jouaiyya, à environ 15 kilomètres de la frontière israélienne, et a causé la mort de trois personnes en plus de Taleb Sami Abdallah, «le plus important [cadre militaire] du Hezbollah à être tué» depuis «le début de la guerre», selon une source sécuritaire libanaise citée par l’Agence France Presse. Sans commenter directement cette frappe, l’armée israélienne a indiqué avoir mené mardi des bombardements dans un secteur du sud du Liban d’où le Hezbollah avait lancé en matinée «environ 50 roquettes».

Mercredi matin, environ 160 projectiles ont été à nouveau tirés du Liban sur Israël, en deux barrages successifs, sans faire de victimes d’après les premières informations des autorités israéliennes. Dans quatre communiqués séparés, le Hezbollah confirme avoir tiré « des dizaines de roquettes katiouchas » sur trois bases israéliennes et affirme avoir touché « une usine militaire » à l’aide de missiles guidés « en réponse à l’assassinat » de Taleb Sami Abdallah. Plusieurs projectiles ont été interceptés mais d’autres sont tombés dans le nord d’Israël, provoquant des incendies par endroits, a annoncé Tsahal.

Un navire marchand attaqué en mer Rouge

Un bateau a lancé un appel de détresse après avoir été touché en mer Rouge, au large du Yémen, a annoncé mercredi une société de sécurité britannique, dans ce qui semble être la dernière attaque en date des rebelles yéménites houthis, alliés du Hamas dans cette guerre. Le navire a été touché à environ 68 milles nautiques (environ 126 kilomètres) au sud-ouest de Hodeida, port tenu par les Houthis.

La société britannique a estimé dans un communiqué que «le navire correspond au profil de l’une des cibles (annoncées) par les Houthis», sans donner plus de détails. L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, mais elle survient dans un contexte marqué par des attaques à répétition lancées depuis novembre contre des navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.