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Libération
Reportage

Israël : des kibboutz à la morgue, l’horreur à ciel ouvert

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Tsahal a ouvert les portes de kibboutz ravagés par le Hamas aux journalistes, tant pour répondre aux accusations de «fake news» que pour justifier ses futures actions à Gaza.
Dans la ville de Sderot, près de la bande de Gaza, le 16 octobre. (William Keo/Magnum Photos pour Libération)
publié le 16 octobre 2023 à 22h05

Soudain, le trafic – voitures de journalistes et jeeps militaires – s’arrête. Un convoi soulève la poussière d’une de ces petites routes qui mènent aux kibboutz dans ce que les Israéliens appelaient jusqu’alors «l’enveloppe de Gaza». Au milieu, une limousine blindée. «Le Premier ministre !» lâche un soldat. On est samedi, une semaine après l’attaque massive du Hamas, dont le bilan humain, le plus lourd qu’Israël ait connu (plus de 1 400 morts, en grande majorité des civils) et la sauvagerie inouïe continuent de sidérer tant les Israéliens que les observateurs les plus endurcis du conflit.

Le cortège de Benyamin Nétanyahou, venu saluer ses troupes vêtu d’un léger gilet pare-balles, revient de Kfar Aza. «Gaza-Village» en hébreu. La communauté de 750 habitants avant le massacre est devenue, avec la rave transformée en charnier, l’un des symboles des atrocités commises par les hommes du Hamas. Arrivées sur les lieux vingt longues heures après le début de l’assaut, les forces israéliennes avaient eu besoin de deux jours d’âpres combats pour reprendre le kibboutz. L’armée avait tenu à y amener très vite légions de journalistes du monde entier, pour que l’effroi les saisisse. «Comme lorsque les Américains ont libéré les camps de concentration», avait expliqué Itai Veruv, le major-général derrière cette décision. S’en était suivie une sordide controverse autour de