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Guerre

Israël : en cherchant à se dédouaner, Benyamin Nétanyahou met à mal l’union nationale

Le Premier ministre israélien a publié dans la nuit de samedi à dimanche un message sur les réseaux sociaux rejetant la responsabilité de l’absence d’anticipation de l’attaque du Hamas sur les services de sécurité. De quoi susciter de vives réactions politiques. Il a fini par avouer «avoir eu tort».

Benyamin Nétanyahou en conférence de presse à Tel-Aviv, samedi 28 octobre. (Abir Sultan/AP)
Publié le 29/10/2023 à 10h59

Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a réveillé ses démons dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 octobre, en publiant sur Telegram et sur Twitter (renommé X) un «rappel des faits», accusant ses propres chefs des services de renseignement de ne l’avoir pas informé des intentions du Hamas avant l’attaque du 7 octobre. Cette accusation, fortement contestée à la fois par les intéressés et par les services de renseignements égyptien et américain, a plongé le cabinet de guerre israélien dans la crise.

Message sans équivoque

A 2 heures du matin, le ministre du cabinet de guerre, Benny Gantz, ancien chef d’état-major, a appelé Netanyahou à effacer la déclaration de son compte officiel, «qui affaiblit l’effort de guerre».

Chose faite ce dimanche matin à 8h30, huit heures après sa publication. Le message, dont Libération a fait une capture, était sans équivoque : «En aucun cas et à aucun moment le Premier ministre Nétanyahou n’a été averti des intentions de guerre du Hamas. Au contraire, tous les responsables de la sécurité, y compris le chef des renseignements militaires (Aman) et le chef des renseignements intérieurs (Shabak) ont estimé que le Hamas avait été dissuadé d’utiliser la force armée et s’était tourné vers le compromis. C’est l’évaluation soumise à maintes reprises au Premier ministre et au Cabinet par toutes les forces de sécurité et la communauté du renseignement, y compris à la veille de l’attaque.»

Benny Gantz, qui était présent à la «conférence de presse d’union» samedi soir aux côtés de Nétanyahou et du ministre de la Défense, Yoav Gallant, a explicitement déclaré sur Twitter que «le Premier ministre doit revenir sur sa déclaration de [samedi] soir et cesser de traiter cette question. J’ai dit [samedi] qu’un lourd fardeau reposait sur les épaules des chefs des services de sécurité passés et à venir. Ce [dimanche] matin, je voudrais insister sur le fait que nous sommes tous avec vous et derrière vous, que c’est la société israélienne toute entière qui porte ce fardeau. Ne regardez ni en haut ni en arrière – poursuivez votre mission. Je vous aime, je vous apprécie et je vous soutiens.»

«Nétanyahou a franchi une ligne rouge»

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a vivement attaqué le Premier ministre : «Nétanyahou a franchi une ligne rouge. Alors que les soldats et les commandants de Tsahal se battent vaillamment contre le Hamas et le Hezbollah, il tente de les blâmer au lieu de les soutenir. Les tentatives d’échapper à la responsabilité et de rejeter la faute sur l’establishment de la sécurité affaiblissent Tsahal alors qu’il combat les ennemis d’Israël. Benyamin Nétanyahou doit s’excuser pour ses propos.»

Il aura fallu attendre 10 heures, heure de Paris (11 heures à Tel-Aviv), pour une nouvelle réaction de Benyamin Nétanyahou, qui semble avoir pris la mesure de la polémique enclenchée par son message nocturne désavouant les forces de sécurité. Dans un nouveau message, il a reconnu avoir fait une erreur. «J’ai eu tort. Les choses que j’ai dites à l’issue de la conférence de presse n’auraient pas dû être dites et je m’excuse pour cela. Je soutiens totalement tous les chefs des différentes branches des forces de sécurité […] Ensemble nous gagnerons.»