Le missile israélien a explosé samedi au cœur du quartier de Mazzeh, l’un des plus sécurisés de Damas, prisé des caciques du régime et de leurs alliés du Hezbollah libanais et des gardiens de la révolution iraniens. Au moins cinq de ces derniers ont été tués. Et pas des moins gradés : parmi eux figuraient le général Sadegh Omidzadeh, responsable en Syrie du renseignement pour la force Qods, chargée des opérations extérieures, et son adjoint connu sous le nom de Hajj Gholam, ainsi que trois autres iraniens présentés comme des «conseillers militaires» par Téhéran. La frappe a aussi tué sept combattants pro-iraniens dont quatre Syriens, deux Libanais et un Irakien, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Le bâtiment de quatre étages visé par l’aviation israélienne abritait une «réunion de chefs pro-Iran», d’après la même source.
Les raids israéliens sont courants en Syrie depuis 2013 et l’implication ouverte de Téhéran et du Hezbollah en soutien au dictateur Bachar al-Assad. Mais ils ont changé de nature depuis le 7 octobre et l’attaque sanglante du Hamas contre Israël. Il ne s’agit plus seulement de viser des convois d’armes iraniens à destination du Hezbollah. Il ne s’agit plus de prévenir la Russie, autre alliée du régime syrien, peu avant les frappes, comme l’a relevé l’agence Bloomberg. Ce n’est plus une guerre de l’ombre. «Qui a dit que nous n’attaquions pas l’Iran, nous l’attaquons, a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 18 janvier à Tel-Aviv. L’Iran est la tête de la pieuvre et vous voyez ses tentacules partout, des Houthis [des rebelles yéménites] au Hezbollah et au Hamas.»
«Du carburant est ajouté à la poudrière»
Les opérations israéliennes visent désormais les hauts responsables iraniens, sans avertissement. Le 25 décembre, trois missiles tirés sur la ville de Sayyida Zeinab, dans la banlieue sud de Damas, ont ciblé et tué le général Razi Moussavi, responsable de la logistique de «l’axe de la résistance», qui regroupe les organisations liées à l’Iran qui combattent Israël, et permet à Téhéran d’agir en sous-main, sans attaquer directement. Les aéroports de Damas et Alep, au nord, ont par ailleurs été visés plusieurs fois depuis le 7 octobre.
Samedi, comme après chaque frappe israélienne d’envergure, le président iranien Ebrahim Raïssi a promis des représailles, évoquant «un lâche attentat». Les attaques contre des bases militaires américaines en Irak et dans l’est de la Syrie se sont multipliées ces trois derniers mois pour dépasser les 150, selon l’analyste Charles Lister au Middle East Institute. «L’escalade en Syrie n’est pas un risque, elle a déjà lieu, avait déclaré dès la fin octobre l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen. Du carburant est ajouté à la poudrière qui était déjà prête à exploser.»
Samedi en début de soirée, la base américaine d’Aïn al-Assad, dans l’ouest de l’Irak, a été visée par un groupe chiite pro-iranien, la «Résistance islamique en Irak». Il ne s’agissait pas, comme à l’accoutumée, que de tirs de roquettes, mais aussi de missiles balistiques. La défense anti-aérienne de la base, qui a lancé 15 missiles Patriot, ne les a pas tous détruits. Au moins trois soldats, un Irakien et deux Américains, ont été blessés.