Environ 120 Israéliens, étrangers et binationaux, civils et soldats, ont été pris en otage par le Hamas le 7 octobre, selon le gouvernement israélien. La menace lancée lundi soir par le Hamas de tuer un otage à chaque fois qu’un bombardement israélien toucherait des habitations civiles de l’enclave palestinienne n’a pas empêché Tsahal de continuer à pilonner Gaza. Ni le Premier ministre israélien de promettre l’enfer aux terroristes. Le point sur la situation.
Data
Quelles sont les preuves de vie des otages ?
Après une semaine de flou, le temps de recenser les corps retrouvés sur les lieux des attaques du mouvement islamiste palestinien, le gouvernement a recensé 120 otages, civils et soldats et estime que le nombre total pourrait être de 150, sans savoir si ces personnes sont vivantes ou mortes. Parmi ces otages se trouvent des soldats israéliens, des femmes, des enfants, des personnes âgées, des travailleurs étrangers et des binationaux. Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont quant à elles déclaré que le nombre d’otages israéliens confirmés détenus à Gaza s’élève à 126.
Reportage
Les preuves d’enlèvement viennent soit d’images tournées et diffusées par le Hamas au moment des rapts le 7 octobre, soit ultérieurement. Les téléphones d’Israéliens ont également borné en territoire palestinien. Selon le Hamas, 22 otages sont déjà morts dans des bombardements israéliens, sans que ce nombre ne soit vérifiable. Les familles en appellent à «toute personne, organisation, pays» pouvant les aider à faire libérer leurs proches.
Comment Israël opère-t-il pour les libérer les otages ?
Un référent à cette crise a été désigné dès lundi, Gal Hirsch, un général déchu embourbé dans une affaire de corruption, dont la nomination a été décriée par plusieurs commentateurs. Un négociateur du FBI est également sur place, alors que plusieurs citoyens américains se trouvent parmi les otages.
L’un des négociateurs pour la libération du soldat israélien Gilad Shalit en 2011, Gershon Baskin, a estimé qu’il fallait «garantir l’amnistie et un passage vers la Cisjordanie à tout combattant du Hamas qui remettrait un otage à la frontière».
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Sur le terrain, une première incursion terrestre israélienne dans Gaza «à la recherche de preuves permettant la localisation d’otages», vivants ou morts, a été menée dans la nuit de vendredi à samedi par la Sayeret Matkal, une prestigieuse unité d’élite des forces spéciales israéliennes – équivalent du GIGN français –, chargée, entre autres, du sauvetage d’otages hors frontières. En plein chaos des bombardements, la difficulté principale reste de localiser ces otages, sachant que le Hamas est connu pour fonctionner en un système de sous-cellules très décentralisées.
Samedi 14 octobre, l’armée israélienne a annoncé avoir retrouvé dans la bande de Gaza «des cadavres» d’otages israéliens enlevés par des commandos du Hamas lors de leur attaque du 7 octobre en Israël. «Nous avons trouvé et localisé dans le périmètre de la bande de Gaza des cadavres d’Israéliens qui avaient été enlevés», a déclaré le lieutenant-colonel Peter Lerner, un porte-parole de l’armée israélienne, lors d’un briefing au ministère des Affaires étrangères.
Y a-t-il des canaux de discussions internationaux ?
Aucun canal officiel n’a été rendu public à ce stade. L’Arabie saoudite a de son côté décidé de suspendre ses discussions de normalisation avec Israël. Outre une probable médiation égyptienne, le négociateur historique entre Israël et le Hamas, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) affirment discuter avec le mouvement islamiste palestinien. «Nous ne négocions pas avec un ennemi que nous avons promis d’éradiquer de la surface de la terre», a toutefois soutenu samedi le conseiller à la sécurité nationale du gouvernement israélien, Tzachi Hanegbi. Pour Ronen Tzur, un célèbre communicant propulsé porte-parole des familles, «cela signifie purement et simplement que le gouvernement israélien a choisi comme stratégie d’abandonner les captifs et les disparus».
Analyse
Les proches des otages ont donc décidé de se regrouper samedi en un «Forum des familles d’otages et de disparus», une organisation censée faire pression sur le gouvernement israélien et la communauté internationale pour obtenir leur libération. Concrètement, une centaine de volontaires ont investi en vingt-quatre heures les locaux d’un cabinet d’avocat, ouvert huit divisions, gérant «des négociations diplomatiques», «l’accueil des familles», les réseaux sociaux ou la levée de fonds.
Des familles d’otages israéliens détenus par le Hamas ont lancé encore samedi soir un appel à l’aide, réclamant un accord entre le Hamas et la Croix-Rouge «d’ici minuit» pour acheminer en urgence les médicaments dont leurs proches kidnappés il y a sept jours ont besoin pour rester en vie. «Nous exigeons que ce soir, d’ici minuit, il y ait un accord pour transférer les médicaments aux otages», a demandé Ronen Tzur, responsable du Forum pour les familles des otages et disparus, qui est en contact avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
De son côté, le CICR se dit prêt «en tant qu’intermédiaire neutre», à effectuer des «visites humanitaires, à faciliter la communication entre les otages et les membres de leur famille, et à faciliter toute éventuelle libération». «Nous avons reçu d’innombrables appels de familles concernées par la disparition de l’un de leurs proches, des familles qui sont en Israël et des familles qui sont présentes à Gaza, a indiqué sur Franceinfo Imene Trabelsi, porte-parole du CICR pour la région Proche et Moyen-Orient. Il est important de rappeler que la prise d’otages est interdite par le droit humanitaire international. Dans les deux camps, ce sont des civils qui sont en train de payer le prix de cette violence.»
La probable opération terrestre d’Israël à Gaza peut-elle condamner les otages ?
Depuis le 7 octobre, Tsahal masse ses troupes et ses blindés aux frontières de la bande de Gaza, pilonnée sans relâche pour anéantir le Hamas. Le porte-parole de l’armée, Jonathan Cornicus, a exhorté les Gazaouis vivant dans le nord du territoire – environ 1,1 million de personnes sur une population totale de 2,4 millions – à fuir vers le sud au plus vite, tout en accusant le Hamas, qui s’oppose à cette évacuation, de ne pas «laisser les gens» partir.
Interview
Tout indique qu’une invasion terrestre est sur le point d’être engagée par l’armée israélienne pour libérer les otages et venger l’affront subi sur son sol. L’opération, risquée, pourrait mettre en péril la vie des personnes retenues à Gaza. «Je ne partage pas ce fatalisme, mais certes, ça complique la tâche. Il va falloir voir comment les deux objectifs de l’opération sont compatibles. C’est-à-dire d’une part éradiquer le terrorisme de la bande de Gaza, et d’autre part, essayer de sauver le maximum d’otages et les ramener en Israël», estime Raphaël Morav, ambassadeur chargé d’affaires pour Israël en France, sur le plateau de France télévisions samedi. Je ne nie pas qu’il y ait un risque pour le sort des otages.»