Il était attendu au grand port maritime de Marseille ce lundi. Mais dimanche après-midi, le porte-avions américain USS Gerald R. Ford a reçu l’ordre du Pentagone de se dérouter vers la Méditerranée orientale avec son armada. Comme tout porte-avions, il ne se déplace qu’accompagné d’un groupe aéronaval de combat, composé de navires de combat de surface, d’un navire ravitailleur, d’un ou deux sous-marins à propulsion nucléaire et d’une escorte aérienne. Le croiseur lance-missiles USS Normandy, équipé pour la guerre aérienne, marine anti-sous-marine, et les destroyers USS Thomas Hudner, USS Ramage, USS Carney et USS Roosevelt, qui devaient pour leur part mouiller à Toulon, sont donc en route pour une démonstration de force américaine, en signe de soutien à l’Etat hébreu et dans l’éventualité d’une opération d’évacuation des citoyens américains.
Technologies ultrasophistiquées
«Nous avons également pris des mesures pour renforcer les escadrons de chasseurs F-15, F-16 et A-10 de l’armée de l’air américaine dans la région. Les Etats-Unis maintiennent des forces prêtes dans le monde entier pour renforcer ce dispositif en cas de besoin», a précisé dans un communiqué l’United States Central Command (Centcom), le centre de commandement chargé des opérations militaires américaines au Moyen-Orient et en Asie basé en Floride, qui a intégré Israël dans sa zone en 2021. «L’US Centcom se tient fermement aux côtés de ses partenaires israéliens et régionaux pour répondre au risque que poserait une partie qui chercherait à étendre le conflit», a déclaré le général Kurilla, commandant du Centcom. Par ailleurs, les Etats-Unis auraient commencé à livrer des munitions à Israël pour remettre à flot le stock de missiles antimissiles du bouclier «Dôme de fer», entamé par l’interception des milliers de roquettes lancées durant le week-end par le Hamas sur le pays.
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L’USS Gerald R. Ford est le plus moderne des onze porte-avions américains, le plus gros navire de guerre du monde et certainement le plus cher – il a coûté 13 milliards de dollars (12,3 milliards d’euros). Annoncé en 2007, lancé en 2013, livré à l’US Navy en 2017, il n’est entré en opération qu’en 2023, après des années de retard dû à la mise au point de ses technologies ultrasophistiquées, notamment les catapultes et les brins d’arrêt électromagnétiques qui servent à propulser les avions de chasse au décollage et à les freiner à leur atterrissage. Après avoir participé à un entraînement de l’Otan en mer de Norvège et en mer Baltique, accompagné, entre autres, de la frégate de défense aérienne française Chevalier Paul, et fait escale à Oslo au printemps, il a franchi le détroit de Gibraltar le 15 juin pour prendre son poste en Méditerranée au sein de la sixième flotte américaine.
Exercices avec les armées turque et italienne
Fin août, il avait fait étape dans le port d’Antalya, en Turquie, et participé à des exercices avec les forces turques, puis avait participé à des exercices en Adriatique avec la marine italienne en septembre et mouillé quelques jours dans le port italien de Trieste. Long de 332 mètres (contre 261 pour le porte-avions français Charles-de-Gaulle) et large de 78 mètres (contre 60 pour le Charles-de-Gaulle), son déplacement est de 112 000 tonnes à pleine charge. Propulsé par deux réacteurs nucléaires, capable d’emporter jusqu’à 74 avions de chasse, drones ou hélicoptères et chargé d’armes et de munitions, il est une véritable base aérienne flottante, dont l’objectif est de projeter la puissance américaine sur tous les théâtres de guerre de la planète. Selon le compte Twitter (rebaptisé X) du bateau, 6 922 décollages et atterrissages auraient déjà été menés de son pont d’envol depuis son déploiement en mai. Ce monstre des mers embarque 4 300 marins à bord. En tout, son groupe aéronaval comprend environ 6000 marins, qu’il faut ravitailler en nourriture, mais aussi en carburant pour les navires d’escorte et les aéronefs. Capable de naviguer à 30 nœuds, soit environ 55 kilomètres /heure, l’USS Ford pourrait arriver mardi 10 octobre au large d’Israël et de Gaza.
[article mis à jour à 17h45 avec la confirmation de l’escale attendue puis annulée de l’USS Ford au grand port maritime de Marseille, ce lundi]