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Poudrière

Israël-Hamas : l’ONU s’inquiète de «l’escalade» des hostilités en Syrie

Le conflit entre Israël et le Hamas risque d’avoir de graves retombées en Syrie, s’est inquiété lundi l’envoyé spécial de l’ONU pour le pays. Selon lui, la désescalade immédiate est le «seul antidote».
Des soldats israéliens participent à un exercice militaire près de la frontière entre Israël et la Syrie sur le plateau du Golan occupé par Israël, le 2 novembre 2023. (Violeta Santos Moura /Reuters)
publié le 2 novembre 2023 à 18h25

«La situation est désormais la plus dangereuse depuis longtemps», a déclaré lundi Geir Pedersen, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, qui a mis en garde le Conseil de sécurité. Les civils syriens vont eux aussi souffrir de la situation actuelle au Moyen-Orient. «En plus de la violence générée par le conflit syrien lui-même, la population syrienne fait désormais face à la possibilité terrifiante d’une escalade potentiellement plus large, liée aux développements alarmants en Israël, dans les Territoires palestiniens occupés et la région», a-t-il expliqué.

De «l’huile sur le feu»

La guerre en Syrie a commencé en 2011 et a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes. Depuis mars 2020, le pays est dans une «impasse stratégique», selon l’envoyé spécial, qui mentionne le statisme des lignes de fronts, la violence persistance et l’escalade sporadique des combats. Un statu quo qui plonge la Syrie «dans un risque de fragmentation plus profonde et prolongée». Les tensions dans la région ajoutent «de l’huile sur le feu, sur une poudrière qui était déjà sur le point d’exploser», explique Geir Pedersen.

L’intensité de la confrontation entre Israël et le Hamas fait donc peser un risque d’embrasement régional. Et le débordement du conflit sur le territoire syrien est déjà une réalité. Le 12 octobre, des frappes aériennes, attribuées à Israël, ont touché à plusieurs reprises les aéroports de Damas et d’Alep, interrompant temporairement toute opération aérienne. Le gouvernement syrien a affirmé que des soldats ainsi que des civils ont été tués et blessés lors de ces frappes. Geir Pedersen a mis en garde la communauté internationale contre toute complaisance, notant que le «statu quo, déjà effiloché, pourrait s’effondrer complètement». «Nous devons désamorcer et désamorcer maintenant pour le bien de la Syrie», a-t-il exhorté pour terminer.

Opérations humanitaires impactées

Edem Wosornu, directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, s’adressant également aux membres du Conseil de sécurité, a déclaré que la grave escalade des hostilités dans le nord avait eu «un impact profond sur les travailleurs et les opérations humanitaires, en particulier dans le nord-ouest». «L’attention du monde est tournée vers la crise à Gaza, et c’est justifié, a-t-elle dit. Mais nous ne devons pas nous détourner des crises humanitaires qui continuent ailleurs, à large échelle, y compris dans la même région.» Dans le nord de la Syrie, la responsable de l’aide humanitaire s’est inquiétée des retombées du conflit alors que «l’urgence humanitaire s’est aggravée ces dernières semaines». En appelant à de nouveaux financements, Edem Wosornu a conclu : «Avec plus de 5 millions de personnes ayant besoin d’un soutien humanitaire dans des conditions de plus en plus difficiles, la situation en Syrie exige incontestablement notre attention et notre action continues.»